Honni en Occident où il choque notre pudibonderie, le fan service, tel qu’on le qualifie dans les mangas et les animes, a le vent en poupe dans les productions culturelles de l’archipel (sans jeu de mots). Si le fan service au sens strict existe dans tous les médias et dans tous les pays, c’est surtout sa forme japonaise et sexy qui frappe les esprits. SooGeek vous en dit plus sur cet élément difficilement dissociable des mangas et des animes.
Quand on parle de fan service, parfois écrit en un seul mot « fanservice », on se réfère presque toujours à une pratique bien particulière que l’on observe dans les mangas et les animes : le fait de présenter, de manière plus ou moins justifiée, des personnages féminins peu vêtus. « Fan service », cela signifie littéralement faire plaisir aux fans, et les auteurs de mangas ou les réalisateurs d’animes ont en effet parfois tendance à insérer des visuels érotiques pour satisfaire le lectorat masculin.
La pratique n’est pas récente puisque dès les années 1970 le manga de magical girl Cutey Honey, et à sa suite de nombreux autres mangas de magical girl, présente une héroïne se retrouvant nue (de manière stylisée) le temps de sa transformation. Dans les années 1980 le nombre de scènes dans lesquelles des personnages féminins se retrouvent exposés explose et ces passages se détachent progressivement de toute justification narrative.
Les magical girl seraient à l’origine du fan service, avec leurs transformations à l’érotisme très léger (ici Sailor Moon) :
Cette forme de fan service se retrouve donc la plupart du temps dans des oeuvres destinées à un public masculin, et elle se retrouve plus ou moins explicite en fonction de l’âge du lecteur visé. En général, tout est bon pour que le ou les personnages féminins se retrouvent peu vêtus ou dans des positions subjectives. Cela va du bain à la douche en passant par la pause faussement innocente, le coup de vent soulevant la jupe ou encore le personnage masculin qui se retrouve (la plupart du temps par maladresse) à peloter un personnage féminin qui se trouvait là. Cependant, le côté parfaitement irréaliste et inutile de ces situations est pleinement assumé.
Certains animes, comme ici Infinite Stratos, sont plus ou moins entièrement dédiés au fan service :
Si la plupart des mangas et des animes destinés à un public masculin adolescent ou adulte présentent ce genre de fan service, les oeuvres destinées à un public féminin n’en sont pas dispensées non plus, même si cela prend des formes moins démonstratives. On y retrouve en effet des situations homo-érotiques entre des personnages masculins allant jusqu’au baiser accidentel (on ne parle pas ici de yaoi). Il arrive enfin également que l’on retrouve ce genre d’éléments concernant des personnages masculins même dans un manga destiné à un public masculin afin d’attirer un public féminin.
Même si cela est moins courant et moins démonstratif, il existe aussi du fan service sexy destiné plutôt à un public féminin (comme ici avec l’anime Free!) :
Quoi qu’il en soit, ce genre de fan service est ce qui a le plus marqué en Occident, au point que ces passages, lorsqu’ils sont trop suggestifs, sont parfois coupés lors de la distribution en dehors du Japon. Cependant il faut savoir que le fan service ne se limite pas à un étalage de poitrines galbées et de culottes idéalement portées. En effet, de nombreux autres traits distinctifs peuvent tourner au fan service, comme les longues expositions liées aux robots géants dans les animes de mechas, la surenchère de gore ou encore les combats qui n’en finissent pas. En effet, le but du fan service est également de forcer le trait sur ce qui plait particulièrement dans un genre.
Les jeux vidéo ne sont pas en reste… comme le prouve Dead or Alive 5 (qui peut se douter en voyant cette image qu’il s’agit d’un jeu de combat ?) :
Enfin il ne faut pas ignorer que d’autres médias que les animes et les jeux vidéo, et certains venus d’autres endroits que le Japon, ont aussi droit à leur lot de fan service. Et on regrettera d’ailleurs que, là où les productions japonaises assument pleinement l’irréalisme de leur penchant pour les images égrillardes sorties de nulle part, les oeuvres occidentales présentant des personnages féminins plantureux ont rarement cette distance. Enfin et surtout on oubliera pas que, dans sa forme la plus basique et la plus répandue, le fan service ne demeure qu’un clin d’oeil agréable adressé au lecteur/spectateur.
Les Japonais ont vraiment poussé le concept à son paroxysme en l’utilisant d’une manière qui a marqué les esprits dans le reste du monde… Mais on ne peut que remarquer que, dans le fond, les médias occidentaux, notamment les comics et les jeux vidéo, recourent à des procédés parfois comparables. Appréciez-vous ces clins d’oeil que vous font les auteurs de vos oeuvres préférées ou les trouvez-vous superflus ?
Par Romain Berthommier, le