La nature ne cesse de nous surprendre, et parfois ce sont les animaux les plus communs ou d’apparence insignifiante qui se révèlent incroyables. C’est le cas des escargots terrestres et aquatiques. Les gastéropodes ont développé de nombreuses capacités et parades pour s’adapter à leur environnement et à leurs prédateurs.
GEE GERONIMO, L’ESCARGOT LE PLUS GRAND DU MONDE
SA COQUILLE MESURAIT 27,3 CENTIMÈTRES
Le plus gros escargot du monde homologué selon le Guinness Book s’appelait Gee Geronimo. Cet escargot géant africain dont le nom scientifique est Achatina fulica mesurait 39,3 cm pour 900 g lors de son extension maximale.
Il a été trouvé en juin 1976 en Sierra Leone, et homologué en décembre 1978 par son propriétaire Christopher Hudson. Il est largement plus grand et lourd que ses congénères de la même espèce qui mesurent entre 8 et 20 cm en moyenne.
LES ESCARGOTS COMME INDICATEURS DE POLLUTION
LES ESCARGOTS PEUVENT AIDER DANS LA RECHERCHE DE POLLUTION DE DIFFÉRENTES MANIÈRES
Dans les zones où le sol est pollué, la collecte des gastéropodes et l’étude, notamment de leur coquille, permettent de déterminer la présence et la quantité de métaux lourds. En France, les escargots sont aussi utilisés comme « pollumètre » des sols contaminés en métaux lourds. Les scientifiques étudient le taux de métaux lourds et autres toxiques trouvés dans le système digestif et les glandes salivaires des gastéropodes trouvés sur place.
Plus insolite, depuis 2011, la société Vodokanal, qui s’occupe des traitements des eaux usées de Saint-Pétersbourg, utilise dans une station d’épuration six escargots de la famille des Achatina fulica. Trois escargots africains de type Achatina, équipés d’appareils à fibre optique pour contrôler le battement de leur cœur et leur activité motrice, respirent de l’air et la fumée s’échappant de l’usine, et trois autres, munis du même appareil, respirent à titre de comparaison un air dépourvu de cette fumée, explique la société Vodokanal dans un communiqué. Greenpeace s’est déclarée sceptique sur le procédé car il ne détermine pas précisément les polluants présents dans les fumées.
LE CURIEUX DARD D’AMOUR DES ESCARGOTS
Plus proches de nous et facilement observables pendant la saison des amours, certaines espèces d’escargots terrestres, dont le célèbre petit gris (Helix aspersa), disposent d’un dard d’amour. Un aiguillon calcaire de quelques millimètres à un centimètre recouvert de mucus et d’enzymes qu’ils enfoncent (ou essayent) dans le corps de leurs partenaires avant l’accouplement. L’on a dénombré huit espèces d’escargots escrimeurs. Ce phénomène est décrit dans deux études anglophones Shooting darts : co-evolution and counter-adaptation in hermaphroditic snails de Joris M. Koene et Hinrich Schulenburg (BMC evolutionary biology, 2005) et The snail’s love-dart delivers mucus to increase paternity de Ronald Chase et Katrina C. Blanchard (Proceeding of the Royal Society Biological Sciences, 2006).
UN DANGER POUR L’HOMME
Certaines espèces d’escargots sont vecteurs de parasites pouvant affecter les humains. Les deux plus connus sont le Biomphalaria glabrata, un escargot d’eau douce vivant dans les Caraïbes, qui abrite dans son milieu naturel un parasite, le Schistosoma mansoni, ce qui en fait le vecteur de la schistosomiase.
CE PARASITE CAUSE LA MORT DE PRÈS DE 100 000 PERSONNES PAR AN
Autre cas récurrent, les Achatina fulica sauvages sont souvent porteurs du nématode Angiostrongylus cantonensis, le ver rond responsable de la méningo-encéphalite éosinophilique chez les humains.
AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS D’ÊTRE GAUCHER POUR UN ESCARGOT
Les escargots peuvent être dextres (enroulés vers la droite depuis l’hapex) ou senestres (enroulés vers la gauche depuis le même point). Cette caractéristique est génétique, ainsi certaines espèces présentent naturellement un enroulement vers la droite ou vers la gauche. Mais il arrive qu’une mutation spontanée fasse tourner la coquille dans l’autre sens. Chez les escargots, les petit-gris et de Bourgogne, cette mutation est extrêmement rare, de l’ordre d’environ un cas sur 20 000 individus. Cet état peut leur être d’une grande aide face aux prédateurs mais peut également se révéler être un handicap quand il faut se reproduire. En effet, leurs organes étant également inversés, il leur est impossible de se reproduire avec leurs congénères.
DE NOMBREUSES ESPÈCES EN VOIE DE DISPARITION
De nombreuses espèces d’escargots, en particulier celles dont l’aire géographique est réduite, sont menacées d’extinction. En France, c’est le cas de l’escargot de Quimper ou de l’escargot de Corse mais également de l’escargot de Bourgogne dont le ramassage est strictement limité par la loi depuis 1979. La diminution dramatique de ces espèces est principalement due à la destruction de leurs habitats naturels et à l’utilisation de pesticides. La pollution a également une incidence, tout comme l’introduction volontaire ou non de prédateurs et d’espèces concurrentes.
UN NOUVEL ANIMAL DE COMPAGNIE
LES ESCARGOTS SE PLACENT EN 9E POSITION SUR LA LISTE OFFICIELLE DES NOUVEAUX ANIMAUX DE COMPAGNIE
Bien connu des élevages scolaires, l’escargot est peu à peu entré dans les foyers comme animal de compagnie. Escargots marins et terrestres font le bonheur de plus en plus d’adeptes. Calmes et d’entretien plutôt facile (il y a tout de même certaines choses à savoir), certaines espèces sont connues pour être sociables, c’est le cas des Achatina fulica. Les escargots de Bourgogne, pour leur part, supportent assez mal la captivité, il faut une certaine expérience pour s’en occuper correctement. Il existe des animaleries qui en vendent.
LES VERTUS DE LA BAVE D’ESCARGOT
Voilà la grande mode cosmétique du moment ! Les soins à la bave d’escargot. Riche en allantoïne, en collagène et autres molécules bénéfiques pour la peau ou la lutte contre les signes du temps, certains salons proposent de se faire baver dessus par des escargots vivants pour recevoir de la bave extra-fraîche.
CES PROPRIÉTÉS SONT CONNUES DEPUIS LONGTEMPS PAR LES FEMMES MAPUCHES QUI PLACENT DES ESCARGOTS VIVANTS ET NETTOYÉS SUR LEUR PEAU
Depuis, les fabricants de cosmétiques se sont emparés de la petite bestiole et la stressent de diverses manières, souvent cruelles, pour récupérer bave et mucus (sécrétion encore plus riche en molécules) via des chocs électriques, agents chimiques. En France, il est interdit de maltraiter les animaux. Aussi, la bave est récupérée, selon les dires des récoltants, à la main en stressant les animaux un a un. Cette opération s’appelle traire l’escargot. Une autre méthode consiste à frotter « délicatement » les escargots sur une grille fine.
UN ALLIÉ DES NEUROSCIENCES
Les escargots possèdent un cerveau primitif composé d’un amas de super neurones. Ceux-ci sont étudiés par de nombreux chercheurs en neurosciences de par le monde. Déjà dans les années 1990, le docteur Vincent Castellucci, de l’université de Montréal, a étudié la mémoire d’un escargot marin, l’Aplysia californica. Ses recherches lui ont valu le prix de Turin en 1997.
Deux chercheurs du Sussex ont publié une étude dans la revue Nature Communications ayant démontré que deux neurones seulement permettaient à l’escargot terrestre de prendre une décision, ils ont décidé de modéliser ce phénomène pour l’appliquer à la robotique.
Enfin, le neurone d’escargot est également le premier à avoir communiqué directement avec une puce informatique dans un laboratoire de l’Institut de biochimie Max-Planck à Martinsried, près de Munich (bientôt Ghost in the Snail ?).
UNE MUSE DES MATHÉMATICIENS
EN ÉTUDIANT LES NOMBRES, LES MATHÉMATICIENS ONT FAIT D’ÉTONNANTES DÉCOUVERTES RESSEMBLANT À LA COQUILLE DES ESCARGOTS
Deux d’entre eux ont donné leur nom à des observations en géométrie. Ainsi, entre le IVe et le Ve siècle avant J.-C., Théodore de Cyrène étudie les nombres irrationnels et découvre que les racines carrées des nombres 3, 5, 6, 7, 8, 10, 11, 12, 13, 14, 15 et 17 formaient une figure communément nommée escargot de Pythagore.
Au XIIIe siècle, Léonardo Fibonacci étudie une suite d’entiers dans laquelle chaque terme est la somme des deux termes qui le précèdent. Elle commence généralement par les termes 0 et 1 (parfois 1 et 1) et ses premiers termes sont : 0, 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, etc. Graphiquement, les courbes ainsi obtenues s’approchent de la spirale d’or que l’on retrouve dans la nature dans les coquilles d’escargots.
QUELQUES CHIFFRES ÉTONNANTS SUR LES ESCARGOTS
Pour finir, une petite sélection de faits étonnants sur les escargots. Le Sphincterochila boissieri, plus communément appelé escargot du désert, a la particularité de pouvoir dormir environ trois ans en attendant que les conditions climatiques s’améliorent. Des études scientifiques laissent penser qu’il pourrait, dans de bonnes conditions, dormir jusqu’à huit ans d’affilée sans se réveiller ! Voir Schmidt-Nielsen K., Taylor C. R. & Shkolnik A. (1971) « Desert Snails : Problems of Heat, Water and Food » dans The Journal of Experimental Biology.
Si un escargot de Bourgogne ou un petit-gris dans la nature a rarement une espérance de vie supérieure à trois ans à cause des parasites, des prédateurs et de la pollution, en captivité, ils peuvent atteindre 6 à 10 ans avec les soins appropriés.
Enfin, il semble que l’odorat des escargots terrestres soit tellement aiguisé et qu’ils peuvent sentir une zone propice à une distance de 100 mètres.
L’ACCOUPLEMENT CHEZ LES PETIT-GRIS PEUT DURER JUSQU’À 12 HEURES, SANS COMPTER LES PRÉLIMINAIRES
Les recherches sur les escargots se poursuivent et les petits gastéropodes n’ont pas fini de nous surprendre. À la rédaction, nous avons été très étonnés par tous ces faits scientifiques, et nous regarderons autrement les escargots désormais. Et vous, qu’est-ce qui vous a le plus surpris ?
J’adore les escargots c’est trop mignon