L’administration Trump frappe un nouveau coup dans sa lutte contre l’écologie. Elle vient d’autoriser l’exploration pétrolière dans des zones protégées en Alaska. Le timing, juste avant l’élection, ne peut pas être négligé, d’autant plus que, si la décision est validée, il sera très difficile, voire impossible, de revenir dessus.

Un long combat entre républicains et démocrates

L’administration du président Donald Trump vient d’autoriser les forages pétroliers en Alaska, dans des zones protégées. Cette nouvelle s’inscrit dans la lignée d’un long combat entre républicains et démocrates. Ainsi, dès les années 1960, des études ont estimé que le sous-sol de la région était abondant en pétrole. Entre 1977 et 2017, les républicains ont tenté au moins une cinquantaine de fois d’ouvrir la région aux forages. Barack Obama a finalement interdit par décret d’exploiter du pétrole dans les eaux côtières d’Alaska. Mais, dès 2017 et l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, des études pour l’exploitation étaient lancées, et viennent de s’achever.

Le but du président républicain est d’octroyer à des concessionnaires privés, dès la fin de l’année, des permis de forage et d’exploitation pétrolière dans une partie de la zone arctique de l’Alaska, l’Arctic National Wildlife Refuge (ANWR), pourtant zone protégée.

― Chase Dekker / Shutterstock.com

Une décision irrévocable si elle est adoptée avant la fin de l’année

David Bernhardt, le secrétaire à l’Intérieur des États-Unis, s’est réjoui de cette décision qui est d’après lui “un nouveau chapitre de l’indépendance énergétique américaine”. De son côté, Kara Moriarty, la présidente de l’Alaska Oil and Gas Association, a affirmé que cette décision allait “aider l’industrie pétrolière et gazière américaine à répondre à la demande nationale et mondiale en cours”. Si l’administration est aussi pressée et souhaite accorder ces permis avant la fin de l’année, c’est pour une simple raison : si les élections de novembre voient arriver un démocrate à la Maison-Blanche, le fait d’avoir déjà donné des concessions rendra très difficile pour toute administration future de faire annuler cette décision.

Les partisans de l’exploration pétrolière en Alaska arguent que cet État est immense (« grand comme trois fois la France », comme le rappelle Le Monde) et peuplé de seulement 730 000 habitants. Ainsi donc, les exploitations pétrolières, selon eux, n’affecteraient pas grand monde, et seraient même bénéfiques pour l’économie locale. Kara Moriarty l’affirme : « Il est impératif pour l’économie de l’Alaska de pouvoir s’assurer une exploitation pétrolière et gazière continue sur les 30, 40 ou 50 prochaines années. Alors oui, c’est vrai, il y a du pétrole partout, mais… Nous avons les réglementations environnementales les plus strictes. Je suis prête à les comparer à n’importe quelles autres réglementations dans le monde. » 

Toutefois, les grands noms du pétrole, eux, ne sont pas convaincus par cette nécessité. Tout d’abord, parce qu’on ne connait pas les capacités d’exploitation de cette zone, et que pour le savoir, il faut procéder à du forage, c’est-à-dire construire des puits, ce qui est extrêmement coûteux. De plus, avec la pandémie de Covid-19, le cours du baril de Brent s’est effondré, le marché pétrolier est fluctuant, poussant les investisseurs à être prudents. De plus, les banques se retirent peu à peu de ces projets : Goldman Sachs et Wells Fargo refusent de financer des forages dans cette zone protégée, et de nombreuses autres banques renoncent à financer tout projet de développement dans l’Arctique. Enfin, il est pratiquement certain que les organisations de défense de l’environnement, des animaux, ainsi que les tribus indigènes attaquent cette décision en justice. Affaire à suivre, donc.

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