Sauf malformation congénitale, nous naissons avec dix doigts et autant d’orteils. Mais pourquoi n’en possédons-nous pas un nombre plus important (ou plus faible) ?
De la mer à la terre
Au fil des décennies, des analyses fossiles ont montré que les plus anciens tétrapodes (vertébrés à quatre membres) avaient souvent plus de cinq doigts (polydactylie). Ayant existé il y a environ 360 millions d’années, les représentants du genre Acanthostega possédaient ainsi huit doigts/orteils sur chaque membre. Cependant, il n’a pas fallu attendre plus de 15 millions d’années avant que les premiers exemples à cinq doigts/orteils apparaissent.
Si une diminution aussi soudaine (à l’échelle de l’évolution) peut sembler surprenante, les changements survenus dans la structure du reste du membre et les environnements au sein desquels évoluaient les tétrapodes ultérieurs contribuent à l’éclairer.
Les chercheurs pensent que ces derniers étaient essentiellement terrestres et avaient développé une structure osseuse facilitant grandement la marche sur la terre ferme. En comparaison, les membres des genres Acanthostega et Icthyostega, au mode de vie principalement aquatique, avaient un os en forme de L dans leurs membres supérieurs qui peut avoir restreint leur mobilité sur terre.
La modification de la structure osseuse et du nombre de doigts/orteils étant intervenue à peu près au même moment, il est probable que cette diminution ait également facilité la vie sur la terre ferme. Mais, en raison d’un nombre réduit de témoignages fossiles dont disposent les paléontologues, il ne s’agit pour l’instant que d’une théorie.
Pourrait-on récupérer nos doigts et orteils « perdus » ?
En tant que tétrapode, l’Homme pourrait-il un jour récupérer ces extrémités supplémentaires ? Pas selon la loi de Dollo, considérant le retour des caractéristiques ou organes perdus par une espèce au cours de son évolution comme très peu probable (la vision des couleurs d’un serpent de mer semblant constituer une rare exception).
Théoriquement, il serait possible de modifier les gènes impliqués dans la formation des doigts/orteils, mais il convient de garder à l’esprit que ceux-ci jouent également un rôle dans le développement du corps humain dans son ensemble.