Les forêts ne sont pas que d’immenses entrepôts naturels destinés à recueillir le trop-plein de dioxyde de carbone : elles réguleraient la température atmosphérique. C’est ce qu’avance une étude scientifique dirigée par une équipe de chercheurs internationale basée au Royaume-Uni.

 

La forêt comme bouclier

Il est de notoriété publique que les forêts constituent notre meilleur rempart contre le réchauffement climatique, à tel point que la protection et l’expansion des forêts sont une composante essentielle des Accords de Paris, qui prévoient de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre. Publiée dans la revue Nature, une étude atteste que les forêts ne se contenteraient pas seulement de nous enrichir en oxygène : elles permettraient de réguler les températures atmosphériques !

Les arbres et les plantes émettent des gaz naturels, qu’on appelle des composés organiques volatils biotiques (COVB), qui réagissent et s’accolent à d’autres gaz déjà présents dans l’atmosphère. Ils ont un impact direct sur les températures atmosphériques du fait de leur rôle dans la formation des aérosols, du méthane et de l’ozone.

Un super-pouvoir inattendu…

Intrigués, les chercheurs de l’équipe internationale de l’Université de Leeds, au Royaume-Uni, ont analysé le changement de température que pouvait induire chacun de ces composants réactifs. Ils ont d’abord simulé trois environnements différents : un boréal, un tempéré, et une forêt tropicale; ils ont par la suite calculé leurs effets réchauffants et rafraîchissants via la modélisation informatique.

Les résultats sont sans appel pour le professeur Dominick Spracklen, coauteur de l’étude : « Nous avons découvert que les effets rafraîchissants de ces gaz surpassaient ceux des gaz réchauffants, ce qui veut dire que les gaz relâchés par les forêts ont un effet rafraîchissant global sur notre climat. ». En plus d’absorber une partie des milliards de tonnes de CO2 générées par l’activité humaine chaque année – plus de 36 rien que pour 2014 – les forêts régulent aussi la température atmosphérique en libérant des gaz destinés à refroidir la température globale !

Un garde-fou menacé d’extinction

Cette étonnante découverte ne fait que souligner la vacuité intellectuelle et morale des entreprises et des gouvernements pro-déforestation. La mutilation massive de ces espaces verts cause d’énormes dommages à l’émission de ces gaz rafraîchissants qui endigue la hausse des températures si redoutée. Les scientifiques pensent sérieusement que la disparition de cet ultime barrage à l’explosion du thermomètre contribuerait à 14 % du réchauffement climatique résultant de la déforestation…

L’étude dirigée par Catherine Scott et Dominick Spracklen est singulière dans son approche : elle se concentre exclusivement sur la manière dont les gaz naturels émis par les forêts sont affectés par l’activité humaine. Catherine Scott précise : « La plupart des évaluations consacrées aux impacts de la déforestation sur le climat se concentraient sur les quantités de dioxyde de carbone dans l’air […]. Mais à l’image du dioxyde de carbone qu’ils absorbent et de l’oxygène qu’ils libèrent, les arbres émettent d’autres gaz qui s’inscrivent dans une chaine complexe de réactions chimiques dans l’atmosphère, et il y a des implications pour réduire ces gaz. ».

Pour les membres de l’équipe internationale de Leeds, une « solide connaissance » de la relation entre les changements du paysage et le climat sera nécessaire pour appliquer les mesures adéquates et ralentir le réchauffement climatique : « En comprenant ces effets complexes, nous en savons désormais plus sur la manière dont les forêts affectent notre climat, et nous pouvons avoir une idée précise des conséquences de la déforestation. ».

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