— Marek Velechovsky / Shutterstock.com

Une importante étude sur les Herpomycetales et les Laboulbeniales, deux ordres de champignons ectoparasites, vient d’être menée en Belgique et aux Pays-Bas. Celle-ci a notamment permis d’identifier deux nouvelles espèces.

Des caractéristiques rares

Dans le cadre de ces travaux présentés dans la revue MycoKeys, une équipe d’entomologistes européens a répertorié plus de 140 espèces de champignons parasites que l’on retrouve chez les insectes et les arthropodes, dont 9 espèces signalées pour la première fois dans l’un ou l’autre des deux pays, et deux espèces n’ayant jusqu’à présent jamais été décrites. L’une d’entre elles a été nommée Laboulbenia quarantenae en référence à la période de confinement imposée dans de nombreux pays afin d’enrayer la pandémie de Covid-19, durant laquelle elle a été répertoriée.

Laboulbenia quarantenae pousse à l’extérieur, sur le corps de coléoptères terrestres appartenant à l’espèce Bembidion biguttatum et ne se trouve jusqu’à présent qu’au Jardin botanique de Meise en Belgique. Ce nouveau champignon est considéré comme très rare par rapport à Laboulbenia vulgaris, une autre espèce bien documentée que l’on trouve plus fréquemment sur le même hôte. Jusqu’à présent, rien ne prouve que L. quarantenae parasite d’autres espèces d’hôtes.

Les Herpomycetales et les Laboulbeniales ne ressemblent pas aux champignons communs : elles ne forment pas d’hyphes, longues structures filamenteuses que l’on retrouve également chez certaines algues. Au contraire, celles-ci développent un thalle (corps végétatif) tridimensionnel unique de quelques milliers de cellules dépassant du corps de l’organisme hôte.

Thalle de Laboulbenia quarantenae (la graduation représente 0,1 mm) – © André De Kesel / MycoKeys Creative Commons

Une véritable « course aux armements »

Si certaines espèces de Laboulbeniales, comme Laboulbenia quarantenae, sont superficiellement attachées à leur hôte, d’autres sont plus envahissantes, comme Hesperomyces halyziae, second champignon nouvellement décrit dans cette étude. Ces dernières produisent en effet un haustorium, excroissance hyphale utilisée pour pénétrer les tissus de leurs hôtes arthropodes, afin qu’elles puissent atteindre la cavité corporelle primaire et le fluide circulatoire qui s’y trouve. Ce qui permettrait vraisemblablement aux parasites d’augmenter la surface d’absorption des nutriments et resserrer leur emprise sur leur hôte.

Selon les scientifiques, ces parasites haustoriaux maintiendraient des interactions étroites avec leurs hôtes dans un processus appelé « course aux armements de l’Évolution ». Cela signifie que lorsque l’hôte développe un mécanisme de défense contre le champignon, le parasite évolue rapidement à son tour, et s’adapte en conséquence. Une spécialisation conduisant à l’évolution de nouvelles espèces.

S’inscrivant dans un vaste projet visant à résumer des décennies de recherches, ces travaux constituent un point de départ approprié pour l’établissement d’une liste actualisée (sa dernière mise à jour remontait à 1991) des champignons formant des thalles à travers toute l’Europe, qui devrait mettre en évidence une importante diversité fongique.

Gros plan du thalle d’un champignon du genre Hesperomyces (H. virescens sensu lato) parasitant une coccinelle arlequin (Harmonia axyridis) — © Gilles San / André De Kesel / CC-BY 4.0
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