L’euthanasie est une pratique sujette à de nombreuses controverses. Jugés comme illégaux dans la plupart des pays du monde, certains pays ont cependant décidé de légaliser l’euthanasie et le suicide assisté en appliquant cependant des mesures et conditions strictes. Le dernier pays à officiellement autoriser l’euthanasie est notamment l’Espagne.
Une loi en faveur des patients qui souffrent sans espoir de guérison
L’Espagne est officiellement devenue le cinquième pays d’Europe à légaliser le suicide assisté et l’euthanasie. Ces pratiques seront notamment autorisées pour les patients souffrant depuis longtemps de maladies incurables et les personnes souffrant de maladies qui impliquent des douleurs physiques insupportables. Les enfants n’auront cependant pas droit à l’euthanasie. La loi a notamment été votée par 202 membres du parlement, avec 141 membres qui ont voté contre et deux abstentions. Avant l’adoption de cette loi, aider quelqu’un à mettre fin à ses jours en Espagne était potentiellement passible d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 10 ans.
À partir du mois de juin de cette année, ce ne sera plus le cas, à condition que les personnes impliquées respectent les démarches et les conditions imposées par cette nouvelle législation. Ainsi, pour pouvoir procéder à une euthanasie, deux demandes écrites suivies de consultations avec des professionnels de la santé qui n’étaient pas auparavant impliqués dans l’affaire seront nécessaires. Par la suite, une quatrième et dernière déclaration provenant des patients réitérant leur désir de mourir, ainsi qu’un feu vert de la part d’un comité régional d’experts seront également obligatoires avant de passer à l’acte.
Une loi qui est loin de faire l’unanimité
À noter que la loi autorise également les travailleurs médicaux, que ce soit dans le système public ou privé, à refuser d’y participer pour des raisons de conviction, a rapporté Associated Press. Une telle réticence est tout à fait envisageable dans la mesure où les législateurs conservateurs et d’extrême droite se sont farouchement opposés à l’adoption de cette loi. Ils ont même juré d’essayer de faire annuler la loi à l’avenir. Outre les membres du parlement, la nouvelle législation a également été critiquée par les groupes conservateurs et religieux. L’Église catholique espagnole a même déclaré que « la vie est un cadeau, l’euthanasie un échec ».
De son côté, les militants du droit à la mort et le ministre de la Santé ont salué cette décision. « Aujourd’hui, nous sommes devenus un pays plus humain, plus juste et plus libre », a-t-il déclaré dans un tweet. Des sondages également ont montré que 87 % des Espagnols et plus de 65 % des médecins soutiennent la législation, a rapporté The BMJ. Quoi qu’il en soit, certains médecins ont exprimé leurs inquiétudes, dans la mesure où le code éthique interdit normalement aux médecins de provoquer la mort d’un patient, et ce, même à la demande du patient.
Parmi les pays et régions qui autorisent l’euthanasie et le suicide assisté, nous pouvons citer les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg, le Canada, la Nouvelle-Zélande, la Suisse et plusieurs États américains. De son côté, le Portugal essaie également de suivre l’exemple de son voisin, mais le pays se heurte encore à l’opposition de sa Cour constitutionnelle qui estime que le projet de loi est trop imprécis pour être adopté. En Espagne, l’adoption de cette loi est le fruit d’un long parcours législatif de trois ans. Elle intervient notamment après que plusieurs cas emblématiques dans le pays ont touché une corde sensible dans l’opinion publique. Cela a notamment été le cas avec Ramon Sampedro, un homme tétraplégique joué par Javier Bardem dans le film oscarisé Mar adentro.
Par Gabrielle Andriamanjatoson, le
Source: Courrier international
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