
Une épée exceptionnelle du VIe siècle a été récemment découverte dans un cimetière anglo-saxon de la campagne du Kent, ce qui a étonné les archéologues. Ce cimetière, situé près de Canterbury, cache de nombreux secrets qui pourraient enrichir nos connaissances sur cette période historique peu documentée. Cet objet précieux fait partie d’un ensemble de découvertes majeures dans un site funéraire qui pourrait bouleverser nos idées sur l’évolution des sociétés anglo-saxonnes.
Une épée rarissime et des objets d’élite
L’épée, qui est dans un état de conservation remarquable, est comparée à celle trouvée à Sutton Hoo, un site emblématique du Suffolk. Elle possède une garde en argent et vermeil ornée de motifs finement travaillés, ainsi qu’une lame portant des inscriptions runiques. Des morceaux de fourreau en cuir, en bois et de fourrure de castor ont également été conservés. Un anneau, fixé au pommeau, pourrait symboliser un lien de loyauté ou un serment, potentiellement prêté à un roi ou à une personnalité de haut rang.
Selon Duncan Sayer, archéologue en chef du projet et professeur à l’université du Lancashire central, cette épée rivalise avec celles découvertes à Sutton Hoo et Douvres, deux sites emblématiques de l’histoire anglo-saxonne. Pour lui, il s’agit d’un objet au sommet de la hiérarchie des armes de cette époque.
Dans la même tombe, un pendentif en or représentant un serpent ou un dragon a été retrouvé. Ces pendentifs étaient portés par des femmes de haut rang et constituent donc une sorte de souvenir d’un parent ou d’un ancêtre. Les tombes masculines renferment des armes telles que des lances et des boucliers, tandis que les tombes féminines contiennent des couteaux, des broches et des boucles. Les objets découverts, y compris l’épée, subiront un processus de conservation avant d’être exposés au musée de Folkestone.
Pour bien commencer l'année, voici une incroyable épée du 6e siècle trouvée il y a quelques semaines dans un vieux cimetière près de Canterbury.
— Marine Benoit (@marin_eben) January 2, 2025
Elle est encore dans son fourreau fait de cuir, de bois et de fourrure de castor. https://t.co/KCxAK32CM0 pic.twitter.com/v0Rjtxl1wb
Un site archéologique riche en révélations
Cette découverte fait partie d’un ensemble d’objets exceptionnels retrouvés dans un cimetière du haut Moyen Âge près de Canterbury. Bien que l’emplacement précis du site reste confidentiel pour le moment, des fouilles supplémentaires sont prévues. À ce jour, douze tombes ont été exhumées, mais on estime qu’il y en a environ 200 autres à explorer, ce qui pourrait prendre plusieurs années. Les sépultures datent des Ve et VIe siècles.
Duncan Sayer a déclaré que le site était particulièrement riche et que sa découverte avant les fouilles complètes serait une véritable tragédie. Cette série de découvertes a été documentée dans le programme Digging for Britain de la BBC Two. L’épée y est présentée comme l’une des découvertes les plus impressionnantes de la série.
La présentatrice Alice Roberts, spécialiste et universitaire, a exprimé son émerveillement en affirmant qu’elle n’avait jamais vu une épée aussi bien conservée. Elle a ajouté que ce site anglo-saxon était extraordinaire, avec de nombreuses sépultures d’armes, des pointes de lance en fer et des seaxes (couteaux anglo-saxons), et que cette découverte pourrait offrir de nouvelles perspectives sur cette période historique encore mal documentée.
Des indices sur les pratiques funéraires et l’évolution politique
Dana Goodburn-Brown, conservatrice, a utilisé un microscope pour examiner les détails de l’épée et a révélé des informations intéressantes sur les pratiques funéraires de la communauté. Elle a notamment observé des pupes de mouches, suggérant que le corps de la personne enterrée n’aurait pas été immédiatement recouvert, permettant ainsi aux proches de dire adieu. Ce genre de détail fournit un éclairage sur les coutumes de l’époque.
L’une des tombes contenait les restes d’une femme enterrée à la fin du Ve siècle avec des objets venant de Scandinavie. Certaines tombes du VIe siècle abritent également des artefacts d’origine franque. Duncan Sayer a noté que ces découvertes permettent de mieux comprendre les changements politiques qui ont affecté la région du Kent au cours de cette période.
Les fouilles font partie d’un projet plus large qui explore l’origine des Anglo-Saxons sur la côte est de la Grande-Bretagne. Une étude ADN menée sur 300 individus de cette région a révélé qu’environ 75 % de leur génétique provient du continent nord-européen, confirmant une migration importante après la fin de l’occupation romaine en Grande-Bretagne. Par ailleurs, un employé de musée découvre une épée médiévale au fond d’une rivière en Pologne.