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Les enfants du Paléolithique fabriquaient leurs propres jouets en argile il y a 30 000 ans

Ils étaient aussi curieux et joueurs que ceux d'aujourd'hui

Jouets Argile
© 2024 Farbstein, Nowell, PLoS ONE 2024 (CC BY 4.0)

Lorsqu’on imagine la vie à l’époque préhistorique, on la conçoit souvent comme rude et austère, avec peu de place pour le plaisir en dehors d’un banquet de mammouth ou d’une chasse intense. Cependant, selon une étude récente publiée dans la revue PLoS ONE, les enfants savaient aussi s’amuser. Près de 500 objets en céramique ont été découverts sur cinq sites en République tchèque, datant d’environ 30 000 ans.

Les indices d’une activité ludique

Mais comment les chercheurs savent-ils que ces objets étaient des jouets ? Rebecca Farbstein et April Nowell, spécialistes de la Préhistoire, expliquent dans leur article que ces céramiques sont plus petites, asymétriques et créées à partir de techniques simples et rapides, très différentes des artefacts réalisés par les adultes. Elles présentent également un plus grand degré d’expérimentation et d’hétérogénéité, sans viser une production fonctionnelle.

En d’autres termes, ces figurines humaines et animales ont un aspect un peu maladroit, rappelant les créations d’apprentis artisans. Farbstein et Nowell précisent que ces objets semblent avoir été façonnés par des enfants novices, qui faisaient des erreurs en séchant, cuisant ou modelant l’argile, souvent en omettant des étapes ou en produisant des formes non conventionnelles, faute de connaissances précises du produit final attendu.

De plus, beaucoup de ces figurines montrent des fissures dues à des chocs thermiques, preuve qu’elles ont souvent été cuites avant d’être complètement sèches.

Les empreintes d’enfants du passé

Ce qui rend ces découvertes encore plus fascinantes, ce sont les empreintes digitales laissées sur certaines céramiques. Selon les chercheuses, la majorité de ces empreintes appartiennent à des enfants, un détail à la fois intime et révélateur. Loin d’être centrée uniquement sur la survie, leur existence comprenait aussi des moments de détente et de jeu, même pour les plus jeunes. 

Pour Jane Baxter, anthropologue à l’université DePaul et autrice de The Archaeology of Childhood, les preuves avancées par Nowell et Farbstein sont très convaincantes. Selon elle, ces découvertes ouvrent une fenêtre sur la manière dont les communautés paléolithiques vivaient et interagissaient. Ces artefacts sont la preuve que les enfants d’il y a 30 000 ans étaient aussi curieux et joueurs que ceux d’aujourd’hui. 

En observant ces traces de jeu, Nowell et Farbstein estiment que nous assistons à une forme d’apprentissage ludique, où les enfants se familiarisaient avec les matériaux à leur disposition, tout en développant leur créativité.

Un comportement universel et intemporel

L’idée d’enfants modelant des figurines d’argile n’est pas nouvelle et traverse les époques et les continents. Des traces similaires ont été trouvées en Arizona, en Syrie, dans l’Europe médiévale et même chez les Ojibwés d’Amérique du Nord ou les Kusasi du Ghana. Il n’est donc pas surprenant que des enfants aient fait de même il y a 30 000 ans. Comme les parents d’aujourd’hui peuvent le constater, il était fréquent que ces créations soient laissées de côté une fois le jeu terminé.

« On dirait que les enfants s’amusaient avec l’argile, puis abandonnaient leurs créations une fois le jeu terminé », explique Nowell. En effet, aucune céramique n’a été retrouvée dans des sépultures. La plupart d’entre elles ont été découvertes près de foyers utilisés pour la cuisson.

Jusqu’à présent, la recherche archéologique s’est principalement concentrée sur les artefacts les plus impressionnants, comme les peintures rupestres ou les outils sophistiqués. Mais en étudiant des objets moins élaborés, tels que ces figurines en argile, on peut obtenir un aperçu plus authentique des sociétés passées. L’enfance, souvent négligée dans l’analyse des civilisations passées, apparaît ici comme un élément clé pour comprendre le fonctionnement de ces communautés. Par ailleurs, ce jeu de société gravé dans la roche est la preuve que nos ancêtres s’éclataient il y a 4 000 ans.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: IFL Science

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