émetteurs de méthane
Panache de méthane de 3 kilomètres de long, au sud-est de Carlsbad, au Nouveau-Mexique — © NASA / JPL-Caltech

Visant principalement à faire progresser notre compréhension des effets des particules de poussière en suspension dans l’atmosphère sur le changement climatique, un instrument orbital de la NASA a récemment rempli une mission tout aussi essentielle : identifier les principaux émetteurs de méthane, un puissant gaz à effet de serre.

La mission EMIT

Depuis son déploiement en juillet dernier, le spectromètre imageur de l’Agence spatiale américaine a identifié plus de 50 « super-émetteurs » de méthane en Asie centrale, au Moyen-Orient et dans le sud-ouest des États-Unis. Les points chauds de méthane nouvellement mesurés (dont certains étaient déjà connus et d’autres viennent d’être découverts), comprennent des installations pétrolières et gazières tentaculaires et de grandes décharges.

Fixé à la Station spatiale internationale, l’instrument a été principalement conçu pour identifier la composition minérale de la poussière soufflée dans l’atmosphère depuis les déserts de la Terre et d’autres régions arides en mesurant les longueurs d’onde de la lumière réfléchie par le sol dans ces zones. Ces données aideront les scientifiques à déterminer si de telles particules sont susceptibles de piéger ou de dévier la chaleur du Soleil, contribuant ainsi au réchauffement ou au refroidissement de la planète.

Il s’avère que le méthane absorbe la lumière infrarouge selon un schéma unique, que le spectromètre, qui réalise une orbite complète de la Terre toutes les 90 minutes à une altitude de 420 km, peut facilement détecter.

émetteurs de méthane
Panache de méthane de 4,8 kilomètres de long, au sud-est de Téhéran, capitale de l’Iran — © NASA / JPL-Caltech

« La mission EMIT [Earth Surface Mineral Dust Investigation] est capable de balayer de vastes étendues de la planète sur des dizaines de kilomètres de large, tout en se concentrant sur des zones aussi petites qu’un terrain de football », souligne Andrew Thorpe, chercheur au Jet Propulsion Laboratory de la NASA. « Certains des panaches de méthane détectés par EMIT sont parmi les plus grands jamais vus. »

Des émissions de méthane phénoménales

Parmi les super-émetteurs de méthane récemment imagés figurent des infrastructures pétrolières et gazières au Turkménistan, dégageant une douzaine de panaches pouvant s’étendre sur plus d’une trentaine de kilomètres et libérant environ 50 400 kilogrammes de méthane par heure. Deux sites précédemment inconnus (un champ pétrolier au Nouveau-Mexique et un complexe de traitement des déchets en Iran) se sont respectivement avérés libérer 29 000 kg de méthane par heure.

Sous-produit de la décomposition des matières organiques et principal composant du gaz naturel utilisé dans les centrales électriques, le méthane ne représente qu’une fraction des émissions de gaz à effet de serre, mais sa capacité de piégeage de la chaleur est supérieure d’environ 80 % à celle du CO2. Par rapport à ce dernier, restant dans l’atmosphère pendant des siècles, le méthane ne persiste qu’une dizaine d’années, ce qui signifie que la réduction de ce type d’émissions a un impact plus immédiat sur le réchauffement planétaire.

Selon la NASA, le spectromètre pourrait potentiellement identifier des centaines de super-émetteurs de méthane d’ici la fin de sa mission d’un an.

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