C’est officiel : une écotaxe sera mise en place dès l’année prochaine en France sur les transports. Elle se décline en deux types de contributions qui proviennent du transport aérien d’un côté et du transport routier de l’autre. Le but est de générer plus de 320 millions d’euros qui seront directement injectés dans le financement des “transports quotidiens”.
Deux taxes assumées par les contribuables
Le Conseil de défense écologique, présidé par Emmanuel Macron, a mis en place deux contributions regroupées sous le nom d’écotaxe. C’est la ministre des Transports Elisabeth Borne qui annonce ces mesures. Pour faire simple, la première se concentre sur le secteur aérien : dès l’année 2020, les billets d’avions pour les vols partant de la France seront taxés. Le montant de la taxe varie entre 1,5 et 18 euros selon la classe du billet. Certaines lignes ne sont pas concernées, notamment les vols en correspondance ou ceux en direction de la Corse ou de l’Outre-mer. Elle explique ce choix par l’importance de soutenir ces vols qui assurent un “désenclavement et une continuité territoriale”. En somme, plus de 180 millions d’euros seront collectés.
La seconde mesure concerne le transport routier : le but est de réduire « le remboursement partiel dont bénéficie le transport routier de marchandises sur le gasoil”. Cette réduction, de deux centimes par litre, assure un gain de 140 millions d’euros. Couplé aux économies grâce à la première mesure, c’est plus de 320 millions d’euros que l’Etat collecte. Elisabeth Borne assure que ces sommes “seront intégralement affectées à la programmation des investissements c’est-à-dire aux financements des transports du quotidien de nos concitoyens”.
Taxer les transports, une mesure environnementale ?
La pollution causée par les transports est réelle : le rôle du transport aérien serait d’ailleurs plus grave que ce que pensaient les experts jusqu’à présent. Le but de cette taxe est de pouvoir favoriser l’utilisation des transports autres que aériens, qui seraient notamment moins polluants. Plus globalement elle pourrait être un moyen de dissuader la population de voyager en avion. Cela paraît vraisemblable puisque de nombreuses personnes renoncent d’elles-mêmes à utiliser ce mode de transport par conscience écologique.
Mais cette taxe fait déjà débat, que ce soit dans la sphère politique ou dans la sphère économique, puisque de nombreux acteurs du transport ont pris la parole. Pour Thomas Juin, président de l’Union des aéroports français (UAF), cette taxe “est un non-sens économique et écologique” et “n’aidera en rien la transition écologique”. Des compagnies aériennes, notamment Air France, enfoncent le clou. Selon elles, la compétitivité du marché aérien sera affaiblie. Les représentants du mouvement écologiste sont, quant à eux, sceptiques. L’association Agir pour l’environnement qualifie cette réponse de « timide ». Il faut comprendre par là que l’initiative en elle-même est bonne, mais qu’elle est insuffisante face à l’importance de l’enjeu environnemental.
Une mesure qui sera efficace en France ?
Il est intéressant de comprendre l’impact des Français sur l’environnement via le transport aérien, principal secteur concerné par cette écotaxe. Le think tank The Shift Project rapporte deux données intéressantes. La première est que les émissions du trafic aérien au départ de la France sont presque 5 fois supérieures aux émissions du seul trafic intérieur. Cela expliquerait pourquoi le gouvernement a décidé de cibler les vols partant de la France avec cette mesure. La seconde est que l’aviation représente, en 2016, un peu plus de 6 % de l’empreinte carbone des Français. Cette taxe ne vient donc pas de nulle part.
De plus, même si cette taxe concerne l’ensemble des contribuables, on estime de nos jours que les classes les plus pauvres ne peuvent de toute façon pas vraiment se permettre de voyager. Ce constat dépasse la France : au Royaume-Uni, on estime que 15 % de la population seulement occupe 70 % du trafic aérien du pays.
Mais le mécontentement général des acteurs dans le domaine du trafic aérien est là. Cela est dû à l’accumulation des taxes actuelles qui visent à financer les autres modes de transport. Et il est difficile d’affirmer dès maintenant quelles seront les retombées économiques et écologiques de cette taxe…
Par Yasmine Amimoussa, le
Source: La Tribune
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