Parfois, associer des éléments négatifs peut avoir du bon. Une équipe de scientifiques chinois a réussi à combiner deux polluants pour en faire de l’engrais. DGS vous dévoile ce programme écologique très prometteur.

On compte 19 milliards de poules sur Terre, soit deux fois et demie plus que d’êtres humains. Leur consommation produit chaque année 5 millions de tonnes de plumes qui finissent dans des décharges où elles mettent plusieurs décennies à se décomposer.

En France, en 2001, selon l’ADEME, les plumes d’oiseaux terrestres transformées en 76 500 tonnes de farine de plumes ont pour 20 % été incinérées, utilisées en aliments pour animaux domestiques ou incorporées dans la fabrication d’engrais. 80 % ont été stockées en attente et gérées par la Mission interministérielle sur les farines…

Le recyclage de ces déchets étant un enjeu écologique important, de nombreuses solutions ont déjà été proposées : les transformer en plastique, en carburant à base d’hydrogène ou en matériaux composites. Changle Chen de l’université des sciences et technologies de Chine à Hefei, et ses collègues, ont trouvé le moyen d’en faire de l’engrais.

En décomposant par pyrolyse 1 g de plumes à 600 °C pendant 3 heures dans du dioxyde de carbone, ils obtiennent 0,26 g de bicarbonate d’ammonium (NH4-HCO3). Ce produit peut ensuite être utilisé comme compost. Si on le réchauffe à 60 °C, il libère de l’ammoniac (NH3), utilisable comme engrais.

Pour les auteurs de ces travaux parus dans le journal Environmental Science & Technology, ce système est une alternative pour produire de l’ammoniac de façon moins énergivore que l’actuel procédé de Haber-Bosch, lequel consomme entre 1 et 2 % de la production mondiale d’énergie. En 2012, 137 000 tonnes ont ainsi pu être produites, pour un coût à la tonne de 575 dollars (environ 425 euros).

Mais les plumes fournissent également des microsphères de carbone ! Le procédé de Chen et de ses collègues conduit à un autre produit intéressant. Après chauffage à 600 °C, ils obtiennent, outre le bicarbonate d’ammonium et par gramme de plumes, 0,25 g de minuscules sphères de carbone d’un diamètre de 1 à 5 micromètres. Elles se révèlent très hydrophobes et les chercheurs imaginent qu’elles pourraient servir à imperméabiliser des tissus. De plus, l’addition d’un catalyseur les transforme en nanotubes de carbone, connus pour leur large gamme d’applications potentielles, depuis les cellules solaires jusqu’aux biosenseurs.

« La stratégie est simple et efficace, ne nécessite pas de produits chimiques toxiques et génère deux matériaux de valeur à la fois », concluent les chercheurs. Mieux encore, selon eux, avec ce procédé, d’autres matériaux artificiels contenant de l’azote, comme le nylon, peuvent être convertis en bicarbonate d’ammonium et en microsphères de carbone. De quoi recycler utilement des vêtements ou des objets du quotidien.

Éliminer deux polluants pour créer un engrais, voilà une découverte scientifique remarquable ! Chez DGS, on salue le progrès écologique et on espère que la recherche continuera dans cette voie. Et vous, pensez-vous qu’une telle découverte peut avoir un effet bénéfique planétaire?

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