Chaque bébé consomme près de 8000 couches-culottes durant ses premières années. Leur recyclage est un enjeu écologique majeur car une fois accumulées dans des décharges, elles mettent plusieurs centaines d’années à se dégrader. Heureusement, des scientifiques mexicains ont trouvé le moyen de les recycler à l’aide de champignons. On vous en dit plus.
Le Mexique est le troisième plus grand consommateur de couches jetables à l’échelle mondiale, les scientifiques de ce pays ont donc fait de nombreuses recherches afin de concevoir une technologie capable de dégrader ces déchets. Le projet, dirigé par Valdemar Espinosa, chercheur à l’Université d’Azcapotzalco, s’intitule « alternatives thérapeutiques pour des couches jetables » et vise à dégrader les couches en utilisant des champignons de l’espèce Pleurotus ostreatus (Pleurote en forme d’huître).
« L’idée est venue après avoir observé les champignons se nourrir de cellulose, matière présente dans les couches, mais ils possèdent également des éléments synthétiques non biodégradables tels que le polyéthylène, le polypropylène et le gel super-absorbant polyacrylate de sodium« , dit-il.
En termes de procédure, Valdemar Espinosa explique que la première étape est d’obtenir des couches (uniquement celles qui contiennent des déchets liquides). Ensuite, elles sont stérilisées par autoclave, broyées et mélangées avec d’autres matières qui contient une substance appelée lignine (nécessaire à la croissance du champignon) et du marc de raisin, de café ou d’ananas. Cette préparation, où les champignons doivent être développés est appelée substrat.
« La semence est étalée sur le substrat (contenue dans un sac en plastique) et laissée deux à trois semaines dans le noir avec une humidité et une température contrôlées, puis on les expose à une légère lumière », décrit-il.
Il ajoute qu’après trois mois, le déchet a réduit son volume et son poids de près de 80 %. « Par exemple, si nous appliquons cette technologie sur un kilo de couches à la fin du processus, il sera réduit à 200 grammes et 300 grammes de champignons », explique le chercheur.
Les matières plastiques offrent certains avantages pour le processus et permettent une meilleure aération de la zone de culture. En outre, après la poussée des champignons, les restes de gel super-absorbant pourraient être appliqués dans les sols à faible rétention d’eau comme pour les terres arides du Mexique.
Une fois que les champignons ont été récoltés, le professeur Valdemar Espinosa et son équipe ont décidé de les analyser. « Nous étions sûrs qu’ils ne contenaient pas de contaminants ou de micro-organismes infectieux, et nous avons effectué une analyse et avons constaté que le contenu de protéines, lipides, vitamines et minéraux était semblable à celui de la levure commerciale. Cela ne devrait pas être différent, principalement car les couches sont stérilisées », dit-il.
Il est important de noter que ces expériences ont été menées à petite échelle et que les champignons cultivés n’ont jamais quitté le laboratoire pour être vendus. « Le projet ne vise pas à produire des champignons destinés à la consommation humaine, puisque l’objectif principal est de se débarrasser des couches pour éviter d’endommager l’environnement. Toutefois, les champignons peuvent être utilisés comme complément alimentaire pour le bétail, le gel peut être utilisé pour augmenter la rétention d’humidité dans certaines cultures et le plastique peut être envoyé au recyclage », explique le scientifique.
Cette alternative au recyclage classique des couches-culottes est tout à fait surprenante ! On salue l’ingéniosité des chercheurs mexicains dont la méthode pourrait à la fois recycler les sous-vêtements usagers, produire un complément alimentaire pour bétail et diminuer les coûts d’irrigation dans les terres arides. Tout cela s’ajoute à l’incroyable découverte de champignons pouvant digérer totalement le plastique, dont nous vous avions déjà fait part. A quel point la nature pourra-t-elle nous assister pour recycler tous nos déchets ?
Par William Arsac, le
Source: Futura Sciences