Espèce symbolique des effets de l’Homme sur la disparition des animaux, le dodo continue de captiver les scientifiques. Plus de trois siècles après sa disparition, une nouvelle étude vient lever une partie du voile sur la vie de cet animal mystérieux.

Énigmatique dodo

Espèce endémique de l’Île Maurice découverte en 1598, le dronte de Maurice, plus connu sous le nom de dodo, a disparu de la surface de la planète moins d’un siècle après ses premières observations. Une disparition dont l’être humain est la principale cause puisque le dodo était chassé par les marins et colons hollandais de l’île Maurice jusqu’à son extinction complète au XVIIe siècle.

Si l’existence de cet animal, un temps mise en doute, est désormais avérée, la communauté scientifique dispose d’assez peu d’informations concernant cet oiseau apparenté au pigeon et incapable de voler. Une étude publiée récemment dans le magazine Scientific Reports vient justement combler ce manque.

Illustration d’un dodo parue dans le livre ‘Extinct Birds’ de Rothschild (1907).

Laisser parler les os

Menée par Delphine Angst de l’université du Cap, en Afrique du Sud, cette étude a passé en revue vingt-deux os de vingt-deux spécimens différents découverts sur l’Île Maurice. Parmi ces os, une petite quantité provenait de jeunes dodos et était composée de ce que l’on appelle les os fibrolamellaires, qui sont constitués à la fois de matrices fibreuses et lamellaires. Ces os sont des tissus composites que les paléontologues ont déjà retrouvé dans certains fossiles de dinosaures (de l’infra-ordre des sauropodes notamment, dont font partie les diplodocus) ou chez certains oiseaux et mammifères qui ont tous la particularité d’avoir une croissance très rapide en début de vie.

Ainsi, la présence de ce type d’os chez les jeunes dodos suggère que ceux-ci avaient également une croissance rapide juste avant d’atteindre la maturité sexuelle. Après cela, la croissance continuait à un rythme plus lent jusqu’à atteindre la maturité squelettique.

Image d’un squelette de Dodo exposé au Natural History Museum (ville inconnue).

Mue et périodes de reproduction

L’étude a également mis en évidence des cavités et des variations de quantité de calcium dans les os du dodo. Pour les scientifiques, ces anomalies seraient à mettre en lien avec des périodes de mue. Delphine Angst et ses collègues vont même jusqu’à penser que ces mues étaient responsables de changements drastiques dans l’apparence des dodos, ce qui expliquerait en partie les différences dans les descriptions qui ont été faites de l’animal lorsque celui-ci était encore vivant (la couleur et le type des plumes en particulier).

Cette étude, ainsi que d’autres observations réalisées sur des os de dodo dans le passé, éclaircit également le problème de la période de reproduction du dodo : « Nous proposons que le dodo se reproduisait aux alentours du mois d’août et que la rapide croissance des oisillons leur permettait d’atteindre une taille robuste avant l’été austral ou la saison des cyclones« , écrivent les scientifiques. « Les preuves histologiques trouvées dans les mues suggèrent qu’à la fin de l’été, les adultes qui venaient tout juste de se reproduire commençaient à muer. Le timing de la mue obtenu par l’histologie des os est également corroboré par certaines descriptions historiques de marins.  »

Le dodo garde encore beaucoup de secrets mais cette étude est un pas en avant significatif dans la connaissance de cet oiseau. On en vient tout de même à regretter que l’espèce ait disparu car il est évident que cet animal aurait été encore plus fascinant à étudier de son vivant.

Réplique d’un dodo exposée dans un musée, à côté d’un squelette de l’espèce.
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