Le dodo ou dronte est un oiseau tristement célèbre pour son extinction massive causée par l’activité humaine il y a des siècles de cela. L’image traditionnelle du dodo est celle d’un animal gros, maladroit, de la taille d’un dindon. Cette espèce qui habitait autrefois l’archipel des Mascareignes avait perdu son aptitude au vol du fait de l’absence de prédateurs. Apparenté aux pigeons, il vivait dans des forêts et mesurait environ un mètre pour environ une dizaine de kilos. Le DGS vous dévoile l’intégralité des secrets de cette créature disparue beaucoup trop tôt !

Découvert vers 1598, cet animal était décrit comme très lent et comme pour de nombreux animaux qui ont évolué loin des prédateurs, le dodo n’avait développé aucune peur à l’encontre des êtres humains ce qui en faisait une proie facile pour les hommes. Malgré les croyances, son aspect dodu qu’on lui attribue dans nos illustrations modernes n’est pas juste, ces représentations font référence aux oiseaux captifs suralimentés ou simplement aux espèces grossièrement empaillées.

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Lorsque les premiers hommes sont arrivés sur l’île Maurice, il était facile pour eux de chasser le dodo, mais sa viande était réputée pour son mauvais goût. Ce n’est donc pas réellement la cause première de l’extinction de l’oiseau. En effet, les hommes utilisaient cet animal facile à capturer pour approvisionner les navires. Mais les fouilles archéologiques ont jusqu’à présent trouvé que très peu de preuves de la prédation par l’homme de ces oiseaux.

Tout de même, nous savons que les hommes sont loin d’être innocents dans cette histoire. Ils ont apporté avec eux des animaux qui étaient totalement étrangers à l’île auparavant, dont des chiens, des porcs, des chats et des rats qui pillèrent les nids de dodos, pendant que l’homme détruisait les forêts, utilisées comme refuges et foyers par les dodos. Andrew R. Solow et David L. Roberts affirment que « l’extinction du dodo est généralement datée de la dernière observation confirmée d’un représentant de l’espèce, par le marin Volkert Evertsz en 1662 ». Le dodo resta ainsi perdu à jamais à peu près un siècle après sa découverte avec l’arrivée des Européens sur l’île.

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Le dodo vivant a disparu pour toujours mais des échantillons de l’oiseau ont été envoyés en Europe pour être étudiés par des scientifiques. Dans plusieurs musées et collections universitaires, des dodos empaillés et des squelettes parviennent à être conservés.

Malheureusement l’extinction du dodo est venue bien avant que les scientifiques soient prêts à accepter le fait que certaines espèces pouvaient réellement disparaître totalement. C’est ainsi que les conservateurs de musées du XVIIe et XVIIIe siècle pensaient que leurs échantillons de dodo endommagés pouvaient être remplaçables.

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Les restes du dernier dodo empaillé connu avaient été conservés par l’Ashmolean Museum d’Oxford. Mais au milieu du XVIIIe siècle, l’animal a commencé à se détériorer et le directeur ou le conservateur du musée a ordonné qu’on se débarrasse de celui-ci, à l’exception des pieds et de la tête. Le British Museum possédait également un pied de dodo mais ils l’ont également perdu accidentellement. Au début du XVIIe siècle, les dodos peuplaient abondamment l’île Maurice puis au XIXe siècle il était impossible de dénicher un squelette complet dans un musée. C’est ainsi que le dodo a été perdu pour la seconde fois.

Peu d’hommes se sont réellement intéressés de près à l’extinction du dodo. Au début du XIXe siècle, beaucoup pensaient que l’espèce n’était qu’un simple mythe. Le dodo aurait pu sombrer dans l’obscurité à jamais sans ces deux chercheurs de la période victorienne, Hugh Edwin Strickland et Alexander Gordon Melville, qui ont mis en lumière cet oiseau fabuleux avec un rapport basé sur les différentes découvertes à son sujet nommé The Dodo and its Kindred en 1848. Vient ensuite la découverte des premiers os de dodos en 1865 dans la Mare aux Songes et les rapports écrits par George Clarke à leur sujet, l’intérêt pour les dodos a été ravivé. La même année l’oiseau est devenu un personnage connu des Aventures d’Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll. Grâce à la popularité de l’œuvre, le dodo est devenu un animal très célèbre ainsi qu’une icône de l’extinction des animaux.

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Suite au succès du livre de Lewis Carroll et aux découvertes sur le dodo, Richard Owen devient le premier scientifique à publier une lithographie sur les nouveaux restes trouvés dans la Mare aux Songes. Grâce aux morceaux trouvés sur l’île, Richard reconstruit un squelette de dodo à partir de restes de plusieurs individus.

À l’aube du XXe siècle, Etienne Thirioux consacre une grande partie de son temps à faire des recherches sur le dodo. L’une de ses plus impressionnantes découvertes est celle d’ossements datant probablement d’un millénaire avant son extinction. Conscient de cette incroyable découverte, il a essayé de le faire valoir par la communauté scientifique en tentant d’attirer l’attention mais sans succès. Aujourd’hui, l’un des squelettes de dodo découverts par Etienne Thirioux est exposé au musée d’histoire naturelle de Port Louis et un second à Durban en Afrique du Sud.

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En étudiant de nos jours les squelettes quasi complets découverts à l’époque par Etienne ThiriouxLéon Claessens et ses collègues, Julian Hume du musée d’histoire naturelle de Londres et Kenneth Rijsdijk de l’université d’Amsterdam, la science donne finalement au dodo toute l’attention qu’il mérite. L’emplacement exact de la découverte de ces squelettes a longtemps été un mystère mais l’équipe internationale de chercheurs a effectué des fouilles de 2005 à 2007 sur une partie de la Mare aux Songes, le site le plus important de restes de dodos.

« Nous pouvons dire avec certitude que pour le moment il n’y a pas de restes articulés là-bas », dit Léon Claessens. Ils ont trouvé énormément d’os d’oiseaux à différents stades de maturité mais pas de squelette d’un animal individuel totalement complet. Comment Etienne Thirioux a trouvé ces deux spécimens quasi complets reste un mystère pour eux ! Léon Claessens et Julian Hume ont épluché tous les dossiers et la correspondance de ce dernier à l’affût du moindre indice mais sans succès.

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En redécouvrant actuellement l’importance des dodos de Thirioux, la communauté des chercheurs s’est rendu compte que pour la troisième fois nous avons perdu le dodo sans nous en rendre compte. Mais les scientifiques sont pleins d’espoir car contrairement à la première et la deuxième perte du dodo, ce troisième échec est différent et pas définitif. « Je suis très optimiste quant à la découverte un jour des sites de collecte de Thirioux même si ce ne sera pas facile », justifie Léon Claessens.

Si comme nous, vous êtes passionné par cet oiseau fabuleux il est possible d’admirer une reconstitution du dodo dans les galeries d’anatomie comparée et de paléontologie du Jardin des Plantes de Paris. Aujourd’hui le dodo est l’emblème de l’île Maurice et représente le symbole des effets destructeurs causés par l’activité humaine sur l’environnement.

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