Image d’illustration — Africa Studio / Shutterstock.com

Savoir exactement quand et comment les Européens ont atteint l’Amérique du Nord est un sujet qui fascine les historiens. Une nouvelle analyse d’un ouvrage ancien révèle certains détails méconnus de cette chronologie longtemps contestée.

La première référence au continent américain dans la zone méditerranéenne

Dans le cadre de travaux présentés dans la revue Terrae Incognitae, des chercheurs de l’université de Milan se sont penchés sur un document écrit par un frère milanais en 1345, contenant une probable référence à la côte atlantique de l’Amérique du Nord. Ce qui suggère que les marins italiens avaient déjà eu vent de l’existence du continent quelque 150 ans avant que Christophe Colomb ne prenne la mer. Intitulé Cronica universalis, le recueil rédigé en latin était l’œuvre de Galvaneus Flamma, qui tentait d’y détailler l’histoire du monde, depuis sa « création » jusqu’au XIVe siècle.

« Nous sommes en présence de la première référence au continent américain, bien que sous une forme embryonnaire, dans la zone méditerranéenne », explique Paolo Chiesa, auteur principal de l’étude. « Galvaneus parle d’une terre appelée Marckalada, à l’ouest du Groenland, qui correspond à la région du Markland mentionnée par plusieurs sources islandaises. Il s’agit très probablement de l’actuel Labrador ou de Terre-Neuve. »

Le frère a sans doute appris l’existence de Marckalada ou de Markland grâce à des contacts basés à Gênes, sur la côte italienne, juste au sud de Milan. Ce qui soulève la question de savoir exactement ce que Christophe Colomb s’attendait à trouver lorsqu’il a mis le cap vers l’ouest en 1492. Bien qu’il comporte certaines assertions fantaisistes (il suggère notamment que des géants parcourent Marckalada), le document s’accorde avec d’autres récits portant sur cette région d’Amérique du Nord, comme la Grœnlendinga Saga, un important texte islandais.

Si la colonisation de l’Amérique du Nord par les Vikings est aujourd’hui largement acceptée, la carte du Vinland n’en est définitivement pas une preuve — © Yale University / Wikimedia Creative Commons

« Ce qui rend ce passage [sur Marckalada] exceptionnel, c’est sa provenance géographique : non pas les régions nordiques, comme c’est le cas pour les autres textes y faisant référence, mais le nord de l’Italie », détaille Chiesa. « Le Marckalada décrit par Galvaneus est très boisé, ce qui n’est pas sans rappeler le Markland de la Grœnlendinga Saga, et des animaux y vivent. »

Une description contrastant avec celle d’autres territoires nordiques éloignés

Selon les auteurs de l’étude, la description de Marckalada contraste avec celle d’autres territoires du Nord datant de la même époque (évoquant notamment un Groenland « morne et stérile »). Bien qu’il ait entrepris son célèbre voyage depuis l’Espagne, Christophe Colomb est né à Gênes, et il n’est pas inconcevable qu’il ait entendu des marins évoquer cette terre lointaine.

La cité italienne était connue pour ses bons contacts avec les nations du nord de l’Europe, comme le montre la géographie avancée des cartes qui y étaient dessinées à l’époque de Galvaneus. Ce qui conforte l’idée que sa description de Marckalada s’appuyait sur des sources globalement fiables.

« S’il est peu probable que des marins italiens ou catalans aient atteint l’Islande ou le Groenland, ceux-ci ont pu entendre des récits y faisant référence sur les routes maritimes », estime Chiesa. « Toutefois, les informations concernant Marckalada étaient sans doute trop vagues pour que ce territoire puisse figurer sur les documents officiels [représentations cartographiques ou savantes] de l’époque. »

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Tyb
Tyb
2 années

Des tas de textes anciens et des preuves archéologiques connues depuis plus de 50 ans montrent que les vikings avaient déjà posé le pied en Amérique au 6ème siècle et avant eux des irlandais.