La civilisation Aztèque, bien que prospère, a été décimée par l’arrivée sur ses terres d’une terrible maladie : la « cocoliztli », qui signifie pestilence dans la langue aztèque nahuatl. Entre 1545 et 1550 puis en 1576, cette infection dont on ne connaissait pas l’origine a tué entre 7 et 18 millions d’Aztèques, soit environ 80 % de la population. Mais aujourd’hui, la cause de cette épidémie a peut-être été découverte par la communauté scientifique…
De terribles symptômes
Si le règne de la civilisation Aztèque déclinait dès 1519, année à laquelle débarquaient les conquistadors d’Hernán Cortés sur les côtes de l’actuel Mexique, ce sont les diverses maladies qui ont provoqué la déliquescence de ce peuple amérindien. Si l’on sait que la plupart d’entre elles venaient bel et bien du Vieux Continent (variole, rubéole, typhus…), il en existait une plus dévastatrice que les autres : la « cocoliztli ».
Cette douloureuse épidémie, apparue en 1545, causait de fortes fièvres, des maux de tête affolants et des saignements des yeux, de la bouche et du nez. La mort survenait 3 à 4 jours après l’apparition de ces symptômes. Une mort éclair qui, 500 ans plus tard, n’a toujours pas trouvé d’explication. Mais la communauté scientifique semble désormais disposer d’un élément de réponse…
Les salmonelles en cause
Des scientifiques, dont Ashild Vagene de l’Université de Tuebingen en Allemagne, ont prélevé sur les squelettes de 29 victimes de la « cocoliztli » de l’ADN provenant de leurs dents. Tous situés dans un cimetière de Teposcolula-Yucundaa au Mexique, les squelettes ont été source de renseignements puisque 10 d’entre eux présentaient des traces de Salmonella enterica de type Paratyphi C, une bactérie qui se répand via la consommation d’eau et de nourriture infectée. D’après l’équipe de chercheurs, elle aurait pu, elle aussi, venir de l’invasion des conquistadors espagnols et notamment de leurs animaux domestiques.
Le Paratyphi C, connu pour provoquer des fièvres entériques, cause peu d’infections humaines de nos jours. Pour autant, les salmonelles dans leur ensemble touchent des millions de personnes par an dans le monde. En France entre 2008 et 2013, 68 personnes en sont mortes.
« Nous avons testé toutes les bactéries pathogènes et tous les virus touchant l’ADN qui sont inscrits dans notre base de données », et la Salmonella enterica est la seule à avoir été détectée, a affirmé Alexander Herbig, un des co-auteurs de l’étude. L’équipe a notamment utilisé le MALT, un outil usant de la métagénomique. Elle a ensuite comparé les fragments d’ADN extraits avec les données ADN de nombreux pathogènes, jusqu’à ce qu’elle trouve une correspondance.
Si cette découverte est extrêmement importante pour retracer l’histoire de la civilisation aztèque, il est possible que d’autres facteurs entrent en jeu : « Nous ne pouvons pas affirmer avec certitude que la Salmonella enterica soit la cause de l’épidémie cocolitzi. », a déclaré Kristen Bos, également auteure de l’étude, « mais il y a de fortes chances qu’elle puisse l’être ».
Par Steve Tenre, le
Source: The Guardian
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