Grâce à la théorie dite « des réseaux », des scientifiques britanniques ont pu établir une carte des migrations des dinosaures au cours de l’ère mésozoïque, la période à laquelle ont vécu ces animaux d’un autre temps. SooCurious vous présente cette recherche scientifique inédite et les méthodes novatrices qu’elle a utilisées.
La théorie des réseaux s’appuie sur l’étude des connexions pour en tirer des conclusions scientifiques. Cette méthode, essentiellement utilisée pour quantifier des données sur Internet, et notamment sur les réseaux sociaux, commence peu à peu à servir d’autres domaines, comme la biologie, et désormais, la paléontologie.
Des chercheurs de l’université de Leeds, au Royaume-Uni, ont utilisé cette technique à partir de la Paleobiology Database, la base de données sur la paléobiologie créée en 2000 par plus de 300 spécialistes et qui participe à la recherche d’informations sur l’ensemble des fossiles du règne animal ou végétal.
Certaines régions du monde, comme l’Europe, bénéficient d’enregistrements fossiles sur une longue période de fouilles archéologiques quand d’autres parties du globe ont été largement inexplorées. Dès lors, pour tenir compte de cette disparité qui pourrait fausser les résultats, les chercheurs ont appliqué un filtre aux enregistrements de la base de données pour ne comptabiliser que la première fois où une connexion a pu être établie entre deux continents entre dinosaures de la même famille.
Après cela, les scientifiques ont croisé les enregistrements des fossiles de dinosaures de même famille sur des périodes de temps différentes pour établir des liens indiquant les migrations de ces animaux du mésozoïque entre tous les continents. Ils ont ainsi pu observer, d’une part, ce que la science savait déjà, à savoir que les dinosaures avaient continué à migrer vers toutes les différentes parties du monde après que la Pangée, le supercontinent qui réunissait l’ensemble des terres émergées, s’est disloquée en des continents séparés par des océans.
« Nous supposons que les ponts terrestres temporaires formés par des changements dans les niveaux de la mer ont permis de reconnecter temporairement les continents », explique le directeur de l’étude, le docteur Alex Dunhill de l’Ecole de la Terre et de l’Environnement, de l’université de Leeds. Et le chercheur d’ajouter que « ces structures massives peuvent être difficiles à imaginer, mais sur les délais dont nous parlons, qui sont de l’ordre de dizaines de millions d’années, il est parfaitement possible que l’activité des plaques tectoniques ait donné lieu aux conditions propices à l’apparition de ces ponts terrestres ».
En outre, les résultats de cette recherche soutiennent l’idée que, même si la séparation des continents a manifestement réduit la migration intercontinentale des dinosaures, elle ne l’a pas totalement annihilée. Surtout, la recherche a également montré que toutes les connexions entre l’Europe et d’autres continents au cours du Crétacé inférieur (il y a 125 à 100 millions d’années), étaient sortantes, c’est-à-dire qu’alors que beaucoup de dinosaures quittaient l’Europe, aucune nouvelle famille de ces animaux ne pénétrait sur le continent.
Le docteur Alex Dunhill ne voit pas dans ces résultats d’« explication concrète » et précise qu’il « pourrait s’agir d’un véritable modèle migratoire comme il pourrait aussi s’agir d’une résultante de la nature incomplète et sporadique de l’enregistrement des fossiles de dinosaures ». En d’autres termes, ces travaux semblent indiquer que l’Europe tendait à se vider de sa population de dinosaures au Mésozoïque, sans que l’on puisse en être assuré pour autant.
Mais au-delà même de ce que peuvent montrer les conclusions de cette étude sur les migrations des dinosaures, la recherche a le mérite d’avoir exploité la théorie des réseaux. Celle-ci, qui fut « étudiée en physique durant un certain nombre d’années » selon le docteur James Sciberras, du département de biologie et de biochimie de l’université de Bath, « pénètre finalement dans d’autres disciplines ». Dès lors, selon le chercheur, « cette idée que la plupart des choses peuvent, et doivent être considérées dans le contexte de tout le système, conduira à de nouvelles découvertes dans un large éventail de domaines ».
Des dinosaures via Shutterstock
Ces travaux nous en apprennent davantage sur les dinosaures, mais aussi sur la manière dont ils semblent avoir évolué sur Terre il y a plusieurs millions d’années, même si d’autres recherches devront être menées sur le sujet. Si l’Histoire et l’étude des dinosaures vous intéressent, découvrez également les techniques qui ont permis aux scientifiques de déterminer leur apparence.
Par Maxime Magnier, le
Source: Phys
Étiquettes: dinosaures, migrations, science, paléontologie
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