Des chercheurs américains ont récemment établi que la quasi-totalité des types de dinosaures trouvés en Arctique, des petites créatures semblables à des oiseaux aux redoutables tyrannosaures, se reproduisaient dans la région.
Des centaines d’os et de dents découverts
Depuis le milieu du 20e siècle, différents fossiles de dinosaures ont été trouvés en Arctique. Cependant, la plupart des paléontologues supposaient jusqu’à présent que ces créatures préhistoriques évoluaient dans cette région hostile durant l’été et migraient ensuite vers le sud, afin d’éviter les hivers rigoureux. Dans le cadre de travaux présentés dans la revue Current Biology, des scientifiques des universités d’Alaska et de Floride y ont découvert des restes fossilisés de dinosaures juvéniles, suggérant que de nombreuses espèces ont pu prospérer sous de telles latitudes.
« Nous savions que les dinosaures avaient été amenés à s’aventurer dans cette région, mais nous ignorions qu’ils pouvaient supporter le froid ou même l’obscurité de l’hiver », explique Patrick Druckenmiller, auteur principal de l’étude.
Si la migration vers des zones plus hospitalières constituait jusqu’à présent la principale hypothèse envisagée, selon les auteurs de cette nouvelle étude, migrer depuis le site de fouilles de Prince Creek, situé juste en dessous du cercle arctique, aurait impliqué un trajet aller-retour d’au moins 3 000 kilomètres.
Sur place, les chercheurs ont découvert un ensemble de centaines d’os et de dents d’1 à 2 millimètres, rattachés à huit familles de reptiles préhistoriques (ornithopodes, déinonychosaures, hadrosaures, tyrannosaures…). Celui-ci comprenait les restes de sept espèces de dinosaures morts durant la phase d’incubation ou peu après l’éclosion des œufs. Ce qui suggère qu’ils n’étaient pas des visiteurs ponctuels mais des résidents permanents.
Le lieu le plus septentrional où la présence de dinosaures a été confirmée
« Différent éléments laissent penser que ces créatures avaient des périodes d’incubation de plus de cinq mois », estime Druckenmiller. « Si elles pondaient leurs œufs au printemps, au moment où la couverture végétale est la plus importante, ceux-ci éclosaient juste avant l’arrivée de l’hiver, et les juvéniles auraient eu peu de chances de survivre à une migration de plus d’un millier de kilomètres à cette époque de l’année. »
Situé dans le nord de l’Alaska, le site fossilifère isolé de Prince Creek constitue actuellement le lieu le plus septentrional où la présence de dinosaures a été confirmée. Les chercheurs ont utilisé un petit avion pour atteindre un banc de gravier isolé, puis des canaux pneumatiques pour remonter la rivière le bordant, à la recherche de fossiles rejetés par le pergélisol.
« C’est une toundra gelée aujourd’hui, mais le climat était très différent il y a 70 millions d’années », souligne Druckenmiller. « Les troncs d’arbres pétrifiés découverts sur le site suggèrent que la région était à l’époque partiellement boisée. Ce qui s’avère d’autant plus étonnant quand on sait que, en raison de la tectonique des plaques, l’Alaska se situait en fait 10 degrés plus au nord qu’elle ne l’est aujourd’hui. »
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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