À l’heure de l’avènement des nouvelles technologies et de l’utilisation massive de l’intelligence artificielle dans le domaine des soins et de la santé, une très large majorité des Français interrogés dans une sondage ne souhaite pas un processus sans contrôle humain. 78 % des patients n’accepteraient pas un diagnostic ou un acte de soins entièrement automatisé/robotisé.
Pourquoi vouloir absolument un médecin ?
L’étude, publiée dans la très sérieuse revue Nature Digital Medicine, a sondé environ 1 200 participants à travers toute la France. Ces derniers sont actuellement suivis pour diverses maladies : diabète, dépression, pathologies cardiaques, etc. Tous font également partie de la “Communauté de patients pour la recherche” (ComPaRe), un groupe de 28 000 volontaires qui répondent régulièrement à des questionnaires sur la santé afin d’améliorer le domaine de la médecine.
Ils ont été interrogés à propos de l’utilisation de l’intelligence artificielle et des appareils connectés dans le domaine de la santé, et la tendance est sans équivoque : plus des trois quarts des Français souhaitent avoir un médecin dans la chaîne de décision sur leur santé et leur traitement. Effectivement, 78 % des patients n’accepteraient pas des interventions automatisées sans au minimum un contrôle humain.
Tout cela découle d’une crainte du pouvoir décisionnaire de la machine, sujet à controverse. Les patients estiment que la décision humaine pourrait être plus adaptée, dans la grande majorité des cas. Le libre arbitre d’une machine n’étend pas celui d’un humain, les patients qui ont répondu à l’étude estiment que le jugement humain reste irremplaçable et nécessaire. Également, ce qui est souvent souligné par les patients quand ils doivent argumenter leur refus d’une automatisation complète des soins, c’est le risque de piratage. Les machines étant entièrement autonomes, un piratage pourrait avoir des conséquences catastrophiques sur la santé, voire mortelles.
Que nous apporte de plus l’étude ?
Globalement, l’étude a proposé en exemple quatre outils qui permettraient d’automatiser le domaine des soins aux volontaires qui ont participé à l’étude. Cela comprenait un premier outil qui est capable d’analyser des photographies pour lutter contre le cancer de la peau, un deuxième constitué de capteurs connectés pour répondre à des maladies chroniques, une chemise connectée utilisée en kinésithérapie, et un robot conversationnel capable de faire un diagnostic régulier et autonome.
Et parmi les 1 200 patients qui ont répondu à l’enquête, ce n’est pas moins de 35 % qui refuseraient au moins l’un des quatre outils proposés. 41 % les adopteraient seulement si un humain entrait dans la chaîne de contrôle, notamment en ce qui concerne la décision de trancher. Cette étude fait donc état d’un certain scepticisme à l’encontre de l’intelligence artificielle, et de l’automatisation complète de nos hôpitaux et de nos traitements en matière de santé. Même si les progrès en matière d’IA sont extraordinaires ces dernières années, les Français souhaitent conserver l’Homme au cœur de notre diagnostic.
À noter tout de même que 22 % des participants accepteraient l’une de ces quatre mesures sans avoir un contrôle humain, quand 3 % seulement des patients ont répondus être d’accord pour tout accepter, sans contrôle humain. Une large minorité, donc. Finalement, l’étude conclut que 47 % des patients, moins de la moitié donc, considèrent l’intelligence artificielle et la batterie d’objets connectés utilisés dans le domaine médical comme une grande opportunité de progrès pour la santé. Les Français seraient plus enclins à juger ces nouveaux outils comme étant des “moyens d’améliorer leur suivi et la réactivité des soins”. Cela s’explique notamment, comme rapporté ci-dessus, par une grande crainte du remplacement total de l’homme par la machine, et également par le piratage, qui aurait un contrôle total sur notre santé.
Pourtant, ces intelligences artificielles ont déjà fait leurs preuves. Nous pouvons citer l’exemple de cette IA qui a surpassé n’importe quel médecin en se montrant capable de détecter 99 % des cancers du sein, quand les pathologistes assistés par une IA sont moins efficaces, avec un taux de réussite 91 % (mieux que les 83 % des pathologistes sans assistance). On peut également citer d’autres exemples d’intelligences artificielles qui pourraient amener un plus dans le domaine de la santé : cette IA qui permet de détecter un mélanome en est un parfait exemple.
Par Benjamin Cabiron, le
Source: Sciences et Avenir
Étiquettes: intelligence artificielle, humain, diagnostic, santé
Catégories: Actualités, Santé
22% favorables aux actes de soins entièrement automatisés…joli score quand on sait que la esanté est émergente. Nous sommes dans la règle de l’adoption des nvelles technologies avec ses 3% de pionniers, ses 13% d' »adopteurs » précoces et les 34 % de majorité précoce. Donc la vague est partie et la main « de l’homme » ne pourra pas l’arrêter.
Ancien Ingénieur Informaticien, ayant déjà travaillé dans l’IA (il y a plus de 20 ans), je ferai beaucoup plus confiance à un système automatique qui regroupera le savoir de milliers de médecins, qu’a mon généraliste, qui est surchargé et fatigué… vivement la médecine informatisée !