Travaillant actuellement à ramener à la vie le mammouth laineux et le thylacine, la société biotechnologique américaine Colossal Biosciences a dévoilé le troisième animal sur sa liste de désextinction : le dodo.
Dodo 2.0
Le dodo a été découvert pour la première fois en 1598 par des explorateurs néerlandais sur l’île Maurice, alors inhabitée, et s’est éteint moins d’un siècle plus tard. La combinaison fatale de la chasse humaine et de l’introduction d’animaux comme les chiens et les chats, associée au caractère peu farouche de la créature, en a fait l’un des premiers et des plus clairs exemples d’extinction provoquée par l’Homme.
Colossal Biosciences a récemment annoncé avoir levé 150 millions de dollars de financement pour ressusciter cette espèce disparue emblématique, avec des implications beaucoup plus larges. À l’instar du mammouth laineux pour les mammifères et du thylacine (ou tigre de Tasmanie) pour les marsupiaux, l’entreprise prévoit d’exploiter les techniques et dispositifs développés afin de contribuer à la conservation des oiseaux menacés.
« Le dodo est l’exemple parfait d’une espèce qui s’est éteinte parce que nous – les humains – avons rendu impossible sa survie dans son habitat naturel », souligne Beth Shapiro, paléogénéticienne principale du projet. « Ayant consacré toute ma carrière aux avancées génétiques dans le domaine de l’ADN ancien et ayant été la première à séquencer entièrement le génome du dodo, je suis ravie de collaborer avec Colossal et les habitants de l’île Maurice à la désextinction et à la réintroduction éventuelle du dodo. »
Des progrès réguliers
Colossal, qui a récemment achevé la construction d’un nouveau laboratoire d’embryologie, a également évoqué les progrès réalisés par ses équipes pour le mammouth et le thylacine.
La première, qui regroupe plus de 40 scientifiques et trois laboratoires, a séquencé les génomes de référence des éléphants d’Afrique et d’Asie, et dérivé des cellules souches pluripotentes de ces deux espèces. Elle a affiné la liste des gènes spécifiques aux mammouths qui constitueront les cibles de l’édition, et mis au point des techniques permettant de générer plus de 20 éditions de ces gènes.
De leur côté, les 30 scientifiques chargés de ramener le tigre de Tasmanie à la vie ont dérivé des cellules souches pluripotentes de dunnarts, plus proche parent vivant du marsupial disparu, et ont développé des pipelines pour modifier leurs premières lignées cellulaires. Plus impressionnant encore, l’équipe a prototypé un utérus artificiel conçu pour porter des petits marsupiaux à terme.