La popularisation d’Internet et des réseaux sociaux a permis de voir naître de nouvelles manières de consommer la culture. Si certains internautes ont bien entendu l’appel de l’État à télécharger légalement, d’autres préfèrent ignorer les lois en continuant d’accéder gratuitement à la culture. Enfin il y a ceux qui, entre les deux, se servent parmi les abandonware.

Les abandonware sont des logiciels ou des jeux dans une situation pour le moins originale : ils font le bonheur des gamers car ils sont considérés comme étant abandonnés par leurs ayants droit. N’étant plus commercialisés, exploités ou repris par leurs propriétaires, ils sont une ressource infinie pour les joueurs qui les téléchargent et les utilisent comme des jeux gratuits.

De nombreux sites les référençant tapissent la toile et l’abandonware possède toute une communauté d’adeptes qui cherchent généralement à jouer à de très vieux jeux. Chacun connaît la loi et sait les limites d’une telle pratique : à la moindre demande du créateur, le jeu ou logiciel devra être retiré du site de partage par le responsable sans quoi il fera face à la justice.

Le fait est que ces jeux sont toujours protégés et notamment par les lois qui encadrent et protègent les propriétés intellectuelles durant un minimum de 70 ans si bien que le téléchargement illégal de ces oeuvres devrait constituer une infraction. Aux État-Unis, la loi concernant les propriétés intellectuelles a été modifiée laissant un peu de liberté aux passionnés d’abandonware de façon à empêcher certains jeux de disparaître totalement.

De toute façon, les poursuites sont rares et notamment parce que les adeptes de ce type de partage respectent des règles tacites : pour qu’un jeu soit partagé, aucun souhait de commercialisation ne doit avoir été fait par les développeurs ou les éditeurs qui ne doivent pas non plus refuser le partage de leurs jeux.

LucasArt (racheté et fermé par Disney) était connu pour interdire formellement la distribution de ses jeux, même si la société en a créé de très bons dans les années 90. Il s’agit toutefois d’une exception : certains passionnés demandent directement la permission d’utilisation auprès des ayants droit et nombreux sont ceux qui acceptent.

La raison d’une telle entente vient du fait que cette situation profite aussi bien aux joueurs qu’aux créateurs. Les premiers peuvent partager leur passion et rendre hommage à une oeuvre alors que le jeu connaît une seconde vie et pourquoi pas, une nouvelle célébrité.

Il y a toutefois une petite ombre au tableau : avec la popularisation du retrogaming certaines entreprises devraient interdire la récupération de leurs jeux, dans le but de les commercialiser à nouveau. Si l’aspect financier peut gêner quelques joueurs, les passionnés d’abandonware se réjouiront du retour d’une oeuvre sur le marché.

Enfin, certains développeurs abandonnent volontairement leurs produits à peine (ou non) commercialisés comme, par exemple, Grand Theft Auto en 1997 et 1999. Il appartient aux passionnés d’adapter les jeux aux outils modernes comme ce fut le cas du jeu Mission (1987), restauré par l’équipe d’abandonware-France et amélioré. Id Software a fait le travail à moitié en rendant public le code source de ses vieux jeux sans partager leurs éléments artistiques et graphiques, comme c’est le cas pour DOOM (1993).

Plus qu’un logiciel ou un jeu, l’abandonware représente aussi une autre manière de consommer. En partageant des vieux jeux, les gamers assurent leur perpétuité et peut-être même, un nouvelle célébrité ce qui convient aussi aux développeurs. Une telle organisation représente un bon compromis entre les droits des créateurs de l’oeuvre et les envies des joueurs de retrouver des jeux de leur jeunesse. A quels vieux jeux souhaiteriez-vous rejouer ?

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