La schizophrénie est un trouble mental connu depuis les années 1800 sous le nom de “démence précoce”. Les personnes atteintes peuvent souffrir de délires ou d’hallucinations et devenir un danger pour eux-mêmes et pour les autres. Même si des progrès concernant le traitement de la maladie ont été faits ces dernières années, les causes réelles de la maladie n’avaient jusqu’à maintenant jamais été scientifiquement définies. C’est désormais chose faite. En effet les scientifiques de l’université Duke ont pu identifier les facteurs génétiques responsables de la maladie. SooCurious vous en dit plus.

La schizophrénie est un problème de santé mentale à long terme, qui se caractérise par une perte de repères, des hallucinations visuelles comme auditives. Il s’agit d’une combinaison de facteurs physiques, psychologiques, environnementaux et génétiques qui sont impliqués. Les chercheurs de l’université Duke ont décidé de se concentrer sur l’un de ces facteurs génétiques et ont pu constater qu’elle était liée à trois changements cruciaux dans le cerveau.

Leur étude, publiée dans le magasine « Nature Neuroscience », relie entre eux trois critères possibles qui seraient responsables de la schizophrénie. Ce nouvel éclairage sur la base moléculaire de la schizophrénie offre de l’espoir pour de nouveaux traitements qui seront ainsi plus ciblés sur les causes de la maladie, plutôt que sur les symptômes.

 

Les chercheurs ont réalisé une expérience sur les souris

Homme souffrant de schizophrénie via Shutterstock

Les chercheurs ont décidé de regarder comment un gène, Arp2/3, a contribué à la formation de troubles mentaux. Ils ont choisi ce gène particulier, car il est connu pour être important dans la direction de la formation des connexions entre les neurones, et est également lié à divers problèmes de santé mentale. Ils ont ensuite génétiquement modifié des souris en leur enlevant ce gène Arp2/3. Le résultat est étonnant, les souris modifiées affichent un comportement de type schizophrénique. De plus, comme les êtres humains, les symptômes des souris se sont aggravés, et lorsque par la suite il leur a été donné le médicament antipsychotique, certains de ces symptômes ont disparu.

Lorsque l’équipe, dirigée par Scott Soderling, a cherché à savoir s’il y avait eu des changements physiques ou chimiques dans le cerveau liés aux comportements observés chez les souris génétiquement déficientes en Arp2, ils ont découvert trois anomalies qui apparaissent aussi chez les humains atteints de schizophrénie.

 

Trois théories ont émergé de l’expérience

Dopamine dans le cerveau via Shutterstock

Premièrement, ils ont constaté que les cellules dans la zone frontale (la région du cerveau responsable de la planification et de la prise de décision) avaient moins d’épines dendritiques. Ce sont les branches qui aident à connecter les neurones les uns aux autres. Plus la souris vieillit, plus elle en perd.

Deuxièmement, en cohérence avec les personnes souffrant de schizophrénie, ils ont découvert que les souris sans gène Arp2/3 avaient aussi des neurones hyperactifs dans la même région frontale du cerveau. Cependant, les neurones des souris modifiées sont capables de contourner les branches, qui agissent comme un filtre pour tenir les neurones hyperactifs en échec. Ce qui induit les cellules en surmenage.

Une troisième théorie suggère que trop de dopamine dans le cerveau joue un rôle majeur dans la schizophrénie. Cela a été soutenu par le fait qu’un médicament important utilisé pour traiter les troubles mentaux, l’halopéridol, fonctionne en bloquant la transmission de la dopamine. Les chercheurs ont découvert que les neurones hyperactifs à l’avant du cerveau des souris causent un déversement d’une grande quantité de dopamine. « La partie la plus excitante c’est quand on relie toutes les pièces du puzzle ensemble », a expliqué Soderling. « Lorsque le Dr Kim et moi nous sommes finalement rendu compte que ces trois critères étaient en fait interdépendants les uns des autres, ce fut une découverte vraiment surprenante pour nous. »

La schizophrénie via Shutterstock

 

Cette découverte tend à montrer que l’excès de dopamine est en fait le résultat d’une série de causes préexistantes. Ne reste plus qu’à espérer que cela permette de trouver de nouveaux traitements, afin de permettre aux malades de sortir de la spirale infernale dans laquelle cette maladie les entraine. À la rédaction, certains d’entre nous estiment que les chercheurs devraient concentrer leurs efforts pour trouver des médicaments efficaces contre ce trouble mental, tandis que d’autres pensent qu’ils devraient plutôt améliorer les thérapies cognitives déjà existantes. Selon vous, quelle voie devraient suivre les scientifiques ?

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