De nouvelles recherches mettent en cause le changement climatique dans plus d’un tiers des décès liés à la chaleur dans le monde au cours des trois dernières décennies. Une découverte soulignant une nouvelle fois son impact.
D’importantes disparités à l’échelle mondiale
Dans le cadre de ces travaux publiés dans la revue Nature Climate Change, les chercheurs ont constaté que l’ensemble des continents avaient connu une augmentation significative des décès dus à la chaleur depuis le début des années 1990. Si le pourcentage d’entre eux en lien direct avec le changement climatique atteignait 37 % à l’échelle mondiale, celui-ci variait considérablement d’une région à l’autre.
La proportion était ainsi beaucoup plus élevée dans les pays d’Amérique centrale et du Sud (Guatemala et Colombie notamment) et supérieure à 50 % au Koweit et en Iran (Moyen-Orient), ou aux Philippines (Asie du Sud-Est). Tandis que les pourcentages les plus faibles concernaient les États-Unis, le Canada ainsi qu’une grande partie de l’Europe.
L’équipe s’est appuyée sur les données relatives aux températures et à la mortalité de 43 pays entre 1991 et 2018 afin de modéliser un monde alternatif où le réchauffement global d’1,1 °C n’aurait pas eu lieu. Les écarts mis en évidence ont ensuite été utilisés pour estimer le nombre de décès dus à la chaleur en lien direct avec le changement climatique. Les chercheurs ont adapté le risque de décès à l’ampleur de la hausse des températures pour chacun des 732 lieux étudiés, se traduisant par un nombre de décès plus important à Berlin qu’à Johannesburg.
« Le message principal est que le changement climatique n’est pas quelque chose de futur. Il se produit déjà, et nous pouvons en quantifier les effets négatifs », souligne Antonio Gasparrini, chercheur à la London School of Hygiene & Tropical Medicine et co-auteur de l’étude.
Un nombre annuel de décès sous-estimé
Si ces nouveaux résultats s’avèrent inquiétants, compte tenu des températures record enregistrées dans le monde ces dernières années, plusieurs experts rappellent que le nombre annuel de décès dus à la chaleur et en lien direct avec le changement climatique (9 702 décès) est très probablement sous-estimé, étant donné que la recherche n’a porté que sur les quatre mois les plus chauds de l’année.
« Les décès liés à la chaleur interviennent en dehors de cette période. Ce qui se révèle particulièrement vrai dans les régions tropicales, où les extrêmes de chaleur peuvent se produire toute l’année », commente Chloe Brimicombe, de l’université de Reading, au Royaume-Uni.
Les auteurs de l’étude ont par ailleurs indiqué ne pas avoir été en mesure d’obtenir des données pour plusieurs zones du globe, incluant la majeure partie de l’Afrique et l’ensemble de l’Inde, qui se trouvent être deux des régions les plus impactées par la chaleur sur Terre.
« Dans la plupart des pays du monde, les vagues de chaleur ne sont pas du tout documentées », souligne Friederike Otto, de l’université d’Oxford. « Ces travaux mettent en évidence le manque de données et, surtout, de sensibilisation pour quantifier les impacts du changement climatique sur les vies humaines. »
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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Catégories: Écologie, Actualités