C’est une découverte qui ouvre de nouvelles possibilités et de nouveaux espoirs pour la médecine régénératrice au niveau des cellules cérébrales. En effet, un ver décapité a été capable de faire repousser sa tête, et avec elle, toute sa mémoire. Explications.

C’est une découverte incroyable et étrange qui interloque. Un ver décapité a fait repousser une nouvelle tête, le tout en gardant l’intégralité de sa mémoire, semble-t-il. Ce sont les vers planaires qui sont concernés par cette découverte. Des vers qui peuvent vivre aussi bien en eau douce qu’en eau salée et que les scientifiques aiment beaucoup utiliser comme cobayes. Ils ont plusieurs points communs avec nous les hommes, notamment la façon dont est organisée leur cerveau. Celui-ci est centralisé et fonctionne comme le nôtre, avec un réseau de synapses. Le cerveau des planaires possède également une série de neurorécepteurs, tout comme nous.

Mais leur grande caractéristique est qu’ils possèdent des cellules souches très performantes. Appelées néoblastes, ces cellules souches permettent aux vers de se régénérer entièrement : n’importe quelle partie de leur corps, et donc oui, y compris leur tête. Et c’est là que la magie opère, puisqu’elle peut repousser en plusieurs jours. De là la question : est-ce que les planaires se souviennent de leurs vies d’avant cette décapitation ? Un scientifique en 1959 avait déjà posé la question et répondu par l’affirmative.

le 2 juillet dernier, une étude a été publiée dans le Journal of Experimental Biology, dans laquelle des scientifiques écrivent en tenir la preuve. Ils ont mis au point un moyen de tester les planaires pour vérifier s’ils possédaient une mémoire. Un échantillon d’individus a été déposé dans une sorte d’arène labyrinthique dans laquelle les scientifiques ont déposé de la viande, pour permettre aux planaires de se nourrir. Pour corser le tout, ils ont exposé à la lumière d’une LED, différentes parties du labyrinthe (les planaires n’aiment pas la lumière vive) afin de voir si les planaires se dirigeraient vers les morceaux de viande volontairement. Cela pour démontrer que les vers étaient bien doués d’une intelligence leur permettant de prendre des décisions non basées uniquement sur l’instinct. Au bout d’un moment, les planaires les plus habitués à ce labyrinthe trouvaient plus facilement leur nourriture.

Ensuite, c’est le moment où les scientifiques ont dû décapiter les vers. Deux semaines plus tard, le temps que la tête repousse, ils ont recommencé l’expérience avec les planaires logiquement habitués au parcours mais dont la tête venait juste de repousser. Le premier essai a été « décevant », mais les scientifiques ont persévéré et les autres ont été plus concluants : les planaires retrouvaient leur chemin dans l’arène avec le même degré d’habitude qu’avant de se faire couper la tête. Michael Levin, l’un des auteurs de l’étude explique qu’il n’y a encore aucun moyen de savoir pourquoi ce phénomène existe mais que « nous n’avons pas la réponse à cette question. Ce dont nous apportons la preuve, c’est que, de manière remarquable, la mémoire semble être conservée en dehors du cerveau. »

L’article évoque le fait que l’entraînement et la répétition du fait de parcourir le labyrinthe aurait pu s’imprimer dans les néoblastes au point de devenir une sorte de mémoire qui persiste même lorsque le cerveau est complètement séparé du reste du corps.

En tout cas, c’est vraiment une découverte fascinante. Ça nous fait un peu penser à la greffe de tête sur un corps qu’un scientifique pense possible… On n’ose pas imaginer quelles applications pour la médecine ce genre de révélations pourraient avoir si jamais on venait à comprendre leur fonctionnement exact.

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