Tanystropheus hydroides
Vue d’artiste de la décapitation de Tanystropheus hydroides — © Roc Olivé (Institut Català de Paleontologia Miquel Crusafont) / FECYT

L’évolution est une affaire de compromis. Bien qu’un long cou facilite la recherche de nourriture, il constitue également un point faible pouvant être ciblé par les prédateurs, comme l’indique l’analyse de fossiles de reptiles marins préhistoriques.

Morsure létale

À l’époque des dinosaures, un vaste éventail de créatures à long cou, incluant les emblématiques plésiosaures, peuplaient les mers et les océans du globe. Évoluant dans ce qui est aujourd’hui l’Europe, l’Asie et l’Amérique du Nord il y a environ 240 millions d’années (Trias), Tanystropheus était un reptile marin à la morphologie pour le moins extrême : son cou rigide, composé d’os allongé plutôt que de petites vertèbres, atteignait à lui seul trois mètres, soit la moitié de la longueur de l’animal.

Si un tel attribut facilitait probablement la capture de poissons et de calmars, il faisait également du reptile préhistorique une cible facile pour les prédateurs rôdant au sein de son environnement. Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Current Biology, des paléontologues ont procédé à l’analyse des fossiles de deux spécimens issus des collections du Musée national d’histoire naturelle de Stuttgart, ayant permis d’appuyer cette hypothèse de longue date.

L’examen minutieux de l’extrémité des cous a révélé la présence de marques de dents profondes sur les os, suggérant une seule morsure, uniquement vouée à décapiter l’animal. Ce que l’état de conservation de la tête et de la partie supérieure du cou (qui étaient recouverts de muscles et de peau lorsqu’ils se sont fossilisés) indique également.

« Les prédateurs auraient été logiquement moins intéressés par le cou maigre et la petite tête, et se se seraient plutôt concentrés sur les parties plus charnues du corps », estime Eudald Mujal, co-auteur de la nouvelle étude.

Compromis évolutif

Selon l’équipe, la découverte de deux exemples au sein du même musée laisse penser que le long cou des reptiles marins était régulièrement mordu par leurs prédateurs.

Pour autant, un tel « compromis évolutif » semblait en valoir la peine : cette caractéristique anatomique a évolué plusieurs fois (malgré leurs similitudes, Tanystropheus n’était pas étroitement lié aux plésiosaures) et ces créatures ont persisté pendant plus de 150 millions d’années.

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