Profondément ancré dans la culture geek, Death Note est devenu en quelques années une oeuvre culte adaptée à de nombreuses reprises sur différents supports. Un succès fulgurant pour ce manga qui fascine par des thèmes variés et une ambiance anxiogène. Le Daily Geek Show décrypte pour vous Death Note, ce thriller psychologique qui a marqué l’histoire du shōnen.
Si vous ne connaissez pas l’oeuvre, vous avez tout de même entendu parler de son nom : Death Note fait dorénavant partie de ces mangas ou animes qu’il faut avoir lus ou vus. Tout droit sortie du cerveau du scénariste japonais Tsugumi Ōba, l’oeuvre se penche sur l’histoire de Light Yagami, un jeune lycéen surdoué qui a une très mauvaise image du monde qui l’entoure. Comme un grand nombre d’entre nous, il est horrifié par les injustices dont il est témoin mais n’a pas d’autre choix que de se fondre dans la masse, du moins jusqu’au jour où il découvre un mystérieux carnet noir sur lequel sont inscrits les mots « Death Note ». Dans ce cahier, il trouve une notice d’utilisation qui précise que si le nom d’une personne s’y retrouve inscrit, ladite personne trouvera la mort.
Perplexe, Light décide de vérifier la véracité de ces indications en écrivant un premier nom. Il découvre alors que le pouvoir du cahier est bien réel et en même temps, il fait connaissance avec son ancien propriétaire Ryuk, un dieu de la mort qui lui confesse avoir fait exprès de laisser son carnet à la portée des hommes dans le seul et unique but de s’amuser de la situation. Light, conscient du pouvoir qu’il tient entre ses mains, décide d’étudier précautionneusement les règles d’utilisation du Death Note et de ne l’utiliser qu’en de rares occasions.
En se soumettant à de telles règles, le jeune lycéen a dans l’idée de créer un monde juste, dépourvu des horreurs causées par l’Homme. Mais très vite, il se laisse emporter et fait le choix d’intervenir où bon lui semblera. Dans le but de protéger son identité tout en continuant d’utiliser le cahier, il prend le nom de Kira, ce qui, paradoxalement, veut dire « tueur » en japonais.
Sa tâche va se compliquer à partir du moment où, attiré par l’originalité de l’affaire, le meilleur détective de la planète décide de s’intéresser au Death Note. Surnommé L, il va faire son possible pour trouver comment un seul homme peut tuer si facilement et en si grand nombre sans jamais être soupçonné. Ce jeune homme mystérieux est, tout comme Light, doté d’une intelligence hors normes.
Depuis sa première publication dans le magazine Weekly Shonen Jump, Death Note n’a de cesse de séduire de plus en plus de lecteurs et pour cause, les sujets explorés par Tsugumi Ōba et illustrés par Takeshi Obata (Bakuman) sont à la fois sérieux et compliqués. Durant toute l’histoire, Light doit faire face à plusieurs dilemmes : agit-il mal car il tue des êtres humains ou bien en éliminant des criminels. Si le début du manga nous pousse à penser qu’il agit pour de bonnes raisons, l’apparition de L nous fait vite changer d’avis. Ce dernier poursuit les criminels et en voit un en la personne de Light. De plus, avec l’avancée de l’histoire, le personnage principal semble perdre la raison : selon lui, le pouvoir que lui offre le carnet fait de lui un dieu.
D’après l’auteur, Death Note n’a pas vocation à faire passer un message et pourtant, l’intégralité de son oeuvre traite de l’opposition entre le bien et le mal, du sens de la vie ou encore de la religion. Par exemple, Ryuk, le dieu de la mort, est un Shinigami. Il s’agit d’une entité profondément ancrée dans la mythologie japonaise. En tant que dieu et l’un des personnages principaux, il pourrait illustrer à lui seul l’importante place que prend la religion dans le manga et pourtant ça ne s’arrête pas là : Ryuk a une grande passion pour les pommes rouges, le fruit interdit, et c’est en dieu que son nouveau protégé pense se transformer.
De la même façon, l’opposition entre le bien et le mal est présente tout au long de l’histoire, à commencer par l’attitude des personnages principaux qui voient tous les deux le mal en l’autre. Death Note ne laisse pas de place à la douceur, il s’agit d’une bataille pour le pouvoir amorcée par un jeune homme qui pense enfin avoir les moyens de faire le bien.
La force de ce manga tient, en plus d’un scénario bien ficelé et des graphismes plaisants, au réalisme des personnages. Il n’y a rien d’étonnant à voir Light devenir fou alors qu’il peut décider de qui peut vivre ou mourir car il y a fort à parier que nous serions nombreux à perdre la raison dans la même situation. La tâche qu’il s’est imposée, celle de détruire le mal qui ronge l’humanité, lui semble suffisamment importante pour ne plus tenir compte d’une quelconque opposition.
Face au succès rencontré par l’oeuvre originale et aux nombreuses possibilités qu’offre le scénario, le manga de Tsugumi Ōba fut très vite adapté sur différents supports à commencer par la version animée, presque aussi connue que les livres. Un drama a aussi été réalisé en 2015, faisant suite à trois films, 3 jeux et deux spin-off. Ces derniers sont des One-Shot, des mangas dont la trame se résout en un seul tome et qui se prêtent parfaitement à la création d’un scénario autour du Death Note. Dans le premier c’est Taro Kagami, âgé de 13 ans, qui trouve le carnet et le second manga traite de l’apparition d’un nouveau Kira, trois ans après la fin de l’oeuvre originale.
Depuis sa première parution en 2003, Death Note a su toucher un grand nombre de lecteurs, joueurs ou spectateurs à travers le monde. L’oeuvre de Tsugumi Ōba, à la fois sombre et sérieuse, joue avec nos nerfs tout au long de l’histoire et nous questionne à de nombreuses reprises sur le bien et le mal. Light Yagami fait le choix d’utiliser le Death Note selon ses propres règles et on peut difficilement le juger pour ça. Si vous vous retrouviez à sa place, comment utiliseriez-vous le Death Note ?