“BEST SUPPORTING ROLE” OSCARS 2020 — © Plastic Jesus

L’artiste de rue Plastic Jesus fait une fois de plus mouche avec sa nouvelle installation sur Hollywood Boulevard à Los Angeles. Comme chaque année à l’approche des Oscars, il dévoile une de ses oeuvres, destinée à dénoncer un aspect de cette industrie du cinéma et du divertissement. Cette année, c’est à Harvey Weinstein qu’il s’attaque.

PLASTIC JESUS CIBLE HARVEY WEINSTEIN

Cette année, la sculpture de Plastic Jesus a pour cible Harvey Weinstein : en effet, ce que les touristes ont pu découvrir sur Hollywood Boulevard (chaque année, l’emplacement de la sculpture est au même endroit) est un déambulateur, ce qui fait obligatoirement référence à Harvey Weinstein dans la mesure où on l’a vu se rendre à son procès à l’aide de cet accessoire. Cette sculpture prend la forme d’une récompense : un déambulateur couleur or rehaussé par un socle en velours rouge, sur lequel se trouve écrit “meilleur acteur dans un second rôle”. 

Voici ce que Plastic Jesus a expliqué sur Instagram : “Le second rôle est souvent négligé. Sans un grand soutien, le personnage principal peut souvent paraître superficiel, faux ou inauthentique. Cette année, j’ai décidé d’honorer le soutien apporté à de nombreuses personnalités de l’industrie cinématographique, sans lesquelles les grandes performances ne seraient rien d’autre qu’un simulacre.” Plastic Jesus déclare ici que sans les seconds rôles, les premiers rôles ne seraient rien ou bien manqueraient d’authenticité, ce qui est vrai mais renforce l’ironie dans la mesure où justement, dans le cadre du procès d’Harvey Weinstein, le second rôle du déambulateur accroît cette impression d’hypocrisie et de fausseté autour du producteur. Harvey Weinstein tente de délivrer une grande performance d’homme affaibli lors de son procès, mais personne n’est dupe.

UNE INSTALLATION PROFONDÉMENT IRONIQUE

On peut penser que l’humour de cette installation se trouve tout d’abord dans le double sens “Best Supporting Role” (que l’on traduit normalement par “meilleur acteur dans un second rôle”) : en effet, le mot “supporting” peut également être traduit par “rôle de soutien”. Or, le soutien est le rôle principal d’un déambulateur. 

Mais l’humour marche également dans ce couronnement en tant que « meilleur second rôle » : en effet, accorder le prix du meilleur second rôle au déambulateur de Harvey Weinstein est particulièrement ironique dans la mesure où nous pouvons penser que ce dernier se sert de cet accessoire dans le but d’apitoyer les jurés et de se faire passer pour un homme malade, affaibli. C’est ce qu’on appelle « la stratégie de l’homme à plaindre« , déjà utilisée par des célébrités comme Bill Cosby ou Michael Jackson, eux aussi accusés de viols et d’agressions sexuelles. C’est une véritable mise en scène que met en place le producteur, au centre de laquelle nous trouvons le déambulateur, un véritable accessoire. La tonalité humoristique est renforcée par l’étiquette accrochée au déambulateur, qui dit que cet objet est à rapporter « au département des accessoires au plus vite ».

PLASTIC JESUS, UN ARTISTE DÉNONCIATEUR

Mais ce n’est pas la première fois que cet artiste de rue marque les esprits, et il a l’habitude de dénoncer les dérives de ce milieu. En 2018, il avait déjà dénoncé les pratiques d’Harvey Weinstein en installant le “casting couch” (traduit par le canapé de casting, c’est-à-dire là où les producteurs vont abuser des actrices avant de leur donner un rôle), mais avait également réalisé une sculpture de Kevin Hart tenant le drapeau des fiertés LGBT après avoir été épinglé pour ses tweets homophobes et démis de ses fonctions de présentateur des Oscars.

« Il me semble que c’est le bon jour pour reposter cette photo. « Casting couch ». On espère que justice sera faite. »
« J’ai désactivé la fonction commentaire. Apparemment, dénoncer l’homophobie, c’est mal. »

Une de ses autres oeuvres les plus marquantes était l’installation d’un mur en béton miniature, entouré de barbelés et accessoirisé d’un drapeau américain et de l’inscription “Keep Out” autour de l’étoile de Donald Trump sur Hollywood Boulevard, et dont il critiquait la politique anti-immigration en 2016.

« Dites-moi que les protestations ne marchent pas… La ville a voté de façon unanime afin de demander le retrait de l’étoile de Trump »

Autrement, Plastic Jesus fustige beaucoup la réification des femmes à Hollywood, les dérives et excès de cette industrie, mais également la consommation de drogue, le rapport à la célébrité et aux médias, l’obsession des États-Unis pour la technologie, la toute-puissance du marketing…

— LeStudio / Shutterstock.com
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