La France bat actuellement l’un de ses plus tristes records : les deux premiers mois de 2019 ont vu la pêche industrielle faire plus de 600 victimes parmi les dauphins français. Une situation tragique que les associations dénoncent, avec dans leur viseur les techniques modernes et cruelles utilisées par les pêcheurs pour augmenter leur productivité. 

 

Quel bilan pour les dauphins en France ? 

On estimait le nombre de dauphins morts en 2018 entre 3500 et 4 000 morts par an. Mais cette fois-ci, le bilan pourrait être plus lourd encore pour les cétacés français. Depuis le début de l’année, ce sont plus de 600 dauphins qui ont été retrouvés échoués sur les côtes françaises. Mais ce chiffre n’est selon les experts, que la partie immergée de l’iceberg : les mammifères marins seraient en réalité un nombre réduit à s’échouer sur les plages, car la plupart d’entre eux sombrent dans l’eau et se décomposent avant d’atteindre les plages.

C’est notamment des côtes comme l’Île de Ré, les Landes, La Gironde et la Vendée qui accueillent les tristes cadavres depuis le début de l’année. Un constat regrettable pour Alain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue de protection des oiseaux, qui dénonce « l’inaction du gouvernement » face à cette situation pourtant alarmante.

Flickr – Terry Ross

 

Qui blâmer pour ces pertes conséquentes ? 

C’est la période située entre le mois de janvier et le mois de mars qui est particulièrement meurtrière pour les dauphins, car elle correspond à la saison de la pêche au bar et au merlu. Quant aux blessures présentées par les cétacés échoués (plaies aux yeux, mâchoires fracturées, queues amputées…), elles ne laissent pas non plus place au doute : la pêche industrielle est responsable de la mort des animaux marins.

C’est particulièrement le cas de la pêche dite « pélagique« , c’est-à-dire à l’aide d’un immense filet. Ces dispositifs, supposés être sûrs et réglementés par l’union européenne, sont censés permettre l’échappement des espèces ou tailles non-recherchées, avec la mise en place de filets à maille carrée par exemple.

Problème, si les espèces de plus petites tailles parviennent en effet à s’échapper, les cétacés, plus gros  restent quant à eux emprisonnées dans les filets agressifs. Comme les chalutiers pêchent les poissons qui régalent habituellement les dauphins, ceux si finissent asphyxiés dans les mailles des pêcheurs.

 

Alors, quelles solutions, quelles alternative pour protéger les dauphins en France et mettre fin à cette hécatombe ? 

Certains pêcheurs, conscients du problème, se sont équipés de répulsifs acoustiques, qu’ils accrochent à leur filet. Mais l’efficacité de cette pratique est mise en doute, et la plupart des associations réclament vivement une remise en question globale du système de pêche sous-marine.

Comme le souligne Willy Dabin, chargé de l’activité opérationnelle des échouages à l’observatoire Pelagis, « Il faudrait changer les pratiques comme les outils mis à l’eau, en nylon qui les rends fantômes. Mais aussi embarquer davantage d’observateurs. Pour un vrai travail de collaboration avec la profession. Il ne s’agit pas de taper sur les pêcheurs, mais d’avancer »

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