Depuis 1982 le cyberpunk s’installe discrètement dans la culture populaire et fascine de plus en plus de personnes. Grace à des auteurs de talent, le mouvement a révolutionné la science-fiction, fasciné de nombreux artistes influençant le cinéma, les jeux vidéo et bien d’autres médias. SooGeek revient sur l’histoire du cyberpunk, ce mouvement qui mêle la science au cynisme.

Contrairement à ce que pensent la plupart des amateurs du genre, ce n’est pas avec la sortie du film de Ridley Scott, Blade Runner, que le terme cyberpunk fut inventé mais bien un an plus tard alors que l’écrivain américain Bruce Bethke cherche comment qualifier son travail. En effet, c’est en cherchant comment titrer une de ses nouvelles qu’il décide d’utiliser le terme. Il faudra tout de meme attendre 1984 et la parution de Neuromancien de William Gibson et de Schismatrix de Bruce Sterling (1985) pour que le terme de cyberpunk soit popularisé.

Le terme cyberpunk provient de la contraction des mots cybernétique et punk et correspond à un genre apparenté à la science-fiction et plus précisément à la dystopie qui, au contraire de l’utopie, est un récit qui empêche ses protagonistes d’atteindre le bonheur. Nés dans les années 1930, les récits dystopiques décrivent des sociétés futuristes où les avancées technologiques sont aliénantes et ne sont utilisées que pour contrôler et asservir l’être humain. A l’instar de la société décrite dans l’œuvre de Gibson, les mondes cyberpunks sont empreints de violence et de pessimisme. Souvent lugubres et déshumanisés. Les personnages y sont des antihéros désabusés, cyniques et cupides, en lutte contre des méga-conglomérats qui dirigent la planète.

Dans Neuromancien, bestseller de William Gibson, le héros est un talentueux hacker qui habite une ville tentaculaire. Il est le meilleur et rien ne lui résiste, mais un jour, étant trop gourmand, il décide de doubler son employeur. Celui-ci, en représailles, lui injecte une neurotoxine qui lui détruit de manière sélective une partie du système nerveux, celle qui est reliée aux trodes (les électrodes de sa console informatique). Le héros perd alors toute capacité à se connecter au réseau : pour lui, tout est perdu, il n’est plus rien…

Dans les années 1980-90, les thèmes développés dans les romans ou films cyberpunks remportent l’enthousiasme des critiques littéraires et des lecteurs. Le mouvement est alors lancé et essaime son univers dans de nombreux médias, notamment dans la bande dessinée, le cinéma, la musique, les jeux vidéo et les jeux de rôle.

Dans les années 1990, le mouvement s’essouffle et pour cause : le contraste entre les œuvres cyberpunks et le présent devient moins fort. La technologie rattrape la fiction et le monde aussi. Toutefois, le cyberpunk fait toujours recette, au cinéma comme en littérature, en témoigne l’engouement du public pour la trilogie « Matrix » ou le film tiré du livre « Millenium » qui sont tous deux de gros succès au box-office. Pour ne citer qu’eux. C’est vraiment dans les années 2000 que le cyberpunk tel qu’il fut inventé commencera réellement à disparaître pour être remplacé par une version plus moderne : le genre s’adapte et épouse les nouvelles questions d’éthique telles que l’utilisation de la biologie pour « améliorer » l’être humain, ou le clonage par exemple. Cette évolution va alimenter un nouveau courant issu du cyberpunk, le « biopunk ». Contrairement au premier mouvement, basé sur les technologies de l’information, le biopunk s’inspire de la biologie. Il séduit un grand nombre d’écrivains et de réalisateurs contemporains en traitant de clonage et de transgénèse (fait d’implanter un ou plusieurs gènes dans un organisme vivant).

Avec le temps, le cyberpunk s’est peu à peu transformé en mouvement, en contre-culture, en mode de vie et de pensée et continue d’être une source d’inspiration pour de nombreux auteurs de films, livres et bandes dessinées. Les œuvres cyberpunks ne nous parlent plus du futur, mais du présent tant l’avancée fulgurante des technologies informatiques et biologiques amène des mutations profondes et des questionnements réels sur nos sociétés actuelles. En ce sens, le mouvement cyberpunk et ses multiples sous-genres possèdent encore un long avenir devant eux.

Malgré ses évolutions et les changements d’époque, le cyberpunk a encore de longs jours devant lui. De plus en plus de lecteurs, joueurs et autres amateurs se plongent dans les oeuvres cyberpunks et attendent de voir comment le mouvement s’adaptera aux nouvelles modifications de notre environnement, que ce soit sur les écrans ou en littérature.  Sur ces différents supports, quels sont les oeuvres qui vous ont le plus marqué ?

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