
Le mot « crocodile » évoque immédiatement des reptiles aux mâchoires impressionnantes, n’hésitant pas à s’attaquer à des proies massives, mais il s’avère que certains de leurs lointains ancêtres étaient herbivores.
Des dentitions révélatrices
En règle générale, les herbivores possèdent une dentition plus complexe que celle des carnivores. Logiquement, les animaux omnivores, consommant à la fois des végétaux et de la viande, présentent une composition « hybride ».
Des recherches antérieures ayant montré qu’un tel lien concernait aussi bien les mammifères que les reptiles, Keegan Melstrom, de l’université du Centre de l’Oklahoma, et ses collègues ont procédé à l’examen approfondi de plus d’une centaine de dents fossilisées de parents éteints des crocodiles et alligators actuels afin de préciser leur régime alimentaire.
Il s’est avéré qu’une partie des 16 espèces préhistoriques étudiées présentait des caractéristiques dentaires typiques des herbivores. Les plus anciens exemples remontaient à la fin du Trias (il y a environ 200 millions d’années), et les plus récents à celle du Crétacé (il y a 66 millions d’années), marquant la fin du règne des dinosaures non-aviens. Durant cette période plutôt longue, l’équipe a déterminé que l’herbivorisme avait évolué indépendamment à au moins trois reprises chez ces anciens crocodyliformes.
« Nos travaux démontrent que ces créatures disparues avaient un régime alimentaire incroyablement varié », écrivaient à l’époque les auteurs de l’étude, publiée dans la revue Cell. « Certains étaient similaires aux crocodiliens actuels [essentiellement carnivores], d’autres omnivores ou herbivores. »

Le cas des pandas géants
Au cours de leur histoire, de nombreuses espèces animales ont vu leur régime alimentaire changer drastiquement. Parmi les exemples les plus célèbres, celui du panda géant.
Si son alimentation se compose aujourd’hui à 99 % de végétaux (essentiellement du bambou), l’analyse de fossiles indique qu’il y a au moins deux millions d’années, ses ancêtres étaient carnivores.
Ce « virage » récent implique que son système digestif soit toujours adapté à la digestion de la viande (avec notamment un microbiote intestinal plus proche de celui de ses homologues carnassiers ou omnivores que de celui des herbivores stricts), et qu’il consomme occasionnellement de petits rongeurs ou poissons.
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