Resserrer sa cravate restreint le flux sanguin vers votre cerveau. C’est en tout cas ce qu’avance une étude sérieuse menée en 2018 par un groupe de chercheurs de l’hôpital universitaire Schleswig-Holstein en Allemagne. Explications.
Comment s’est déroulée cette étude ?
Nous savons que des études avaient déjà établi des liens similaires entre un élément qui serre une partie de votre cou et une augmentation de la pression sur les yeux, ou encore une association possible avec un risque de glaucome. Mais les chercheurs allemands ont voulu vérifier ces liens suspectés, en analysant les effets du port d’une cravate chez les hommes.
La nouvelle étude a été publiée dans Neuroradiology. Les chercheurs ont donc analysé deux groupes de 15 volontaires masculins âgés de 21 à 28 ans, en utilisant la technologie d’imagerie par résonance magnétique (IRM). Le premier groupe portait une cravate resserrée relativement légèrement, et le deuxième n’en portait tout simplement pas. À partir de ces deux groupes distincts, ils ont pu analyser les résultats de l’IRM pour voir si le port d’une cravate avait tant d’effets que ça.
“Sur la base de ces résultats [précédents], le but de cette étude était d’étudier plus en avant l’effet du port d’une cravate sur le débit sanguin cérébral et le débit veineux jugulaire”, avancent les chercheurs dans leur étude.
Les résultats sont sans équivoque
L’apport sanguin au cerveau est beaucoup moins important chez le groupe de personnes qui portaient une cravate, à hauteur de 7,5 %. Pour le groupe témoin, aucune baisse n’a été constatée, ce qui prouve que le port d’une cravate resserrée a ses conséquences. En revanche, l’étude permet également de démontrer que dans les deux groupes, le flux sanguin veineux dans le reste du corps n’est pas affecté. Les conséquences sont donc localisées au niveau du cerveau, mais comme vous le savez, il influence l’ensemble du corps.
L’étude a également déterminé que la baisse du débit sanguin cérébral était toujours de 5,7 % dans les 15 minutes qui suivaient le desserrement de la cravate.
En donnant l’accès à l’oxygène aux cellules dans le cerveau, mais également au glucose et aux nutriments essentiels, cette circulation en direction du cerveau est un élément essentiel au bon fonctionnement de notre corps. Un approvisionnement appauvri pourrait, à terme, avoir de graves conséquences, les chercheurs évoquant des pertes temporaires ou même des dommages permanents.
Que penser de cette expérience ?
Certains nuancent les conclusions des chercheurs, par exemple Steve Kassem de la Neuroscience Research Australia. Il n’a pas participé à l’expérience, mais explique à New Scientist qu’une chute de “seulement” 7,5 % ne permet pas de provoquer des symptômes graves chez les hommes qui portent des cravates. Il faudrait environ 10 %, au minimum, pour que des personnes en parfaite santé ne commencent à ressentir des effets importants.
Mais même s’il a raison sur ce point, il nuance toutefois en expliquant que les personnes présentant des problèmes de circulation sanguine, ou encore les fumeurs, sont à même de rencontrer des conséquences graves. Également, il est estimé que les personnes souffrant d’hypertension (ou les personnes âgées) peuvent plus facilement sentir le contrecoup de cet afflux diminué de sang vers le cerveau. S’il ne cite pas de conséquences dramatiques, il estime pour autant que cela peut être la cause de vertiges, nausées ou encore de maux de tête réguliers.
Il faut rappeler que pour certains métiers, le port de la cravate est obligatoire et peut durer plus de 8 heures par jour. Les chercheurs souhaitent maintenant poursuivre leurs études sur de plus longues durées que les 15 minutes de l’expérience, afin de comprendre encore mieux les conséquences insoupçonnées de ces 7,5 % d’afflux sanguin en moins. Également, l’étude ne se basait que sur un échantillon réduit de 30 participants, quand la plupart des études de science humaine comme cela se basent sur au moins 50 participants.