Aller au contenu principal

Le crabe Hoff, un crustacé qui cultive des bactéries sur ses poils

Cette créature défie les extrêmes

crabe-hoff
— © Elpipster / Wikimedia Commons

Dans les profondeurs glaciales de l’Antarctique, une créature énigmatique prospère au sein des cheminées hydrothermales. Surnommé le « crabe yéti » en raison de sa pilosité blanche, ce crustacé réserve bien des surprises. Au-delà de ses traits exotiques, il déploie des stratégies fascinantes pour survivre dans l’un des environnements les plus extrêmes de notre planète.

Un crabe yéti sous-marin

Le crabe Hoff (Kiwa tyleri) est un crustacé qui vit dans les profondeurs de l’océan Austral, près des sources hydrothermales de la crête de Scotia orientale. Il fait partie d’une famille de galathées des profondeurs qui a été découverte en 2005 et surnommée les crabes yétis à cause de leur couleur blanche et de leur pilosité. 

Le crabe Hoff se distingue par sa poitrine velue, qui lui a valu le surnom de “The Hoff” en référence à l’acteur David Hasselhoff, célèbre pour son rôle dans la série Alerte à Malibu. Mais ce n’est pas pour sa ressemblance avec une star de la télévision que ce crustacé est remarquable. C’est pour sa capacité à survivre et à se nourrir dans l’un des environnements les plus extrêmes de la planète.

Ces organismes ne sont pas des crabes à proprement parler, même s’ils ont été surnommés “crabes yétis”. Ils sont plutôt des homards trapus, semblables à d’autres décapodes comme le crabe royal et le bernard-l’ermite. La carcinisation est une sorte d’évolution convergente qui explique ce processus particulier par lequel plusieurs autres animaux commencent à ressembler à des crabes.

— © A. D. Rogers et al. / Wikimedia Commons

Une vie sur le fil

Les sources hydrothermales sont des fissures dans la croûte terrestre d’où jaillit un liquide très chaud et riche en minéraux. Elles sont situées à des profondeurs où la lumière du soleil ne pénètre pas et où la pression est très élevée. Le liquide éjecté par les sources peut atteindre une température brûlante de 382,8 °C, alors qu’à quelques mètres de là, les eaux antarctiques sont glaciales. 

Les crabes Hoff doivent trouver un équilibre entre ces deux extrêmes, sans se brûler ni se congeler. En 2010, un véhicule télécommandé a plongé jusqu’aux sources hydrothermales de la crête de Scotia orientale et a trouvé ces crabes yétis entassés les uns sur les autres, avec jusqu’à 700 individus par mètre carré. Ils se disputent l’espace et les ressources dans cette zone étroite où la vie est possible.

Une alimentation originale

Les crabes Hoff ne peuvent pas compter sur la photosynthèse ou sur la prédation pour se nourrir. Ils ont donc développé une stratégie unique : ils cultivent des bactéries sur leurs poils, appelés setae. Ces setae, qui recouvrent tout le ventre du crabe, abritent des bactéries qui se nourrissent des minéraux dissous dans le liquide hydrothermal. Ces minéraux sont utilisés par des bactéries, qui se développent dans la fourrure du crabe. Le crabe se nourrit ensuite de ces bactéries, qui lui fournissent de la matière organique. 

Ce mode de nutrition est très rare chez les animaux. Il s’appelle la chimiosynthèse, et il est comparable à la photosynthèse des plantes, qui utilisent l’énergie du soleil pour produire de la matière organique. Mais le crabe Hoff n’a pas besoin de lumière pour vivre. Il peut survivre dans le noir et le froid des abysses.

crabe hoff
— © Elpipster / Wikimedia Commons

Une reproduction difficile

Les crabes Hoff sont sexuellement dimorphes, c’est-à-dire qu’ils présentent des différences physiques entre les mâles et les femelles. Les mâles ont des pinces plus grandes que les femelles, ce qui leur permet de se battre pour le territoire et les partenaires. Les femelles ont des setae plus longs que les mâles, ce qui leur permet de cultiver plus de bactéries. 

Les femelles portent également les œufs sous leur abdomen jusqu’à leur éclosion. Les scientifiques ont découvert que les femelles portant des embryons bien développés s’éloignent des sources hydrothermales. Les eaux bouillantes ne sont peut-être pas propices au développement embryonnaire, alors les femelles se déplacent et libèrent leurs larves dans des eaux plus froides. Ce voyage dans le froid a un effet visiblement néfaste sur les femelles, qui ne se reproduisent qu’une fois avant de mourir.

Le crabe Hoff est un animal fascinant, qui nous montre comment la vie peut s’adapter à des conditions extrêmes. Évoluant dans l’un des environnements les plus hostiles de notre planète, ce crustacé offre un aperçu captivant des mécanismes de survie au cours de l’évolution. Il nous rappelle également que la biodiversité marine est riche et variée et qu’il reste encore beaucoup à découvrir.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: Live Science

Étiquettes:

Catégories: ,

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *