Le monde traverse une crise pandémique à cause du coronavirus. Néanmoins, celui-ci a des effets inattendus. En effet, selon les derniers résultats d’observation du satellite Copernicus de l’ESA, les mesures de confinement mises en place pour enrayer l’épidémie auraient permis la diminution de la pollution au dioxyde de carbone et dioxyde d’azote. Les résultats vont même plus loin puisque selon le chercheur Marshall Burke, le nombre de vies sauvées par cette diminution de la pollution pourrait bien largement dépasser les morts causées jusqu’à ce jour par le coronavirus.

Plus de vies sauvées que perdues en Chine ?

En février, des images satellites publiées par la NASA montraient une baisse spectaculaire des niveaux de pollution atmosphérique au-dessus de la Chine, liée au ralentissement économique provoqué par le coronavirus. Cette baisse n’a pas seulement des conséquences sur le réchauffement climatique mais également sur la vie des populations. En effet, une étude récemment parue explique que la pollution de l’air réduit d’environ 3 ans l’espérance de vie mondiale et qu’il s’agit d’une des plus fréquentes causes de décès.

Le 8 mars, l’économiste des ressources environnementales de l’université de Stanford, Marshall Burke, a publié des calculs de fond sur la baisse récente de la pollution atmosphérique dans certaines parties de la Chine et sur les vies potentielles sauvées. Si ces chiffres ne resteront pas à jour longtemps, il est très probable selon l’économiste que le nombre de vies indirectement sauvées par la réduction de la pollution dépasse le nombre de décès dus au coronavirus en Chine.

© ESA

« Compte tenu de l’énorme quantité de preuves indiquant que la respiration de l’air pollué contribue fortement à la mortalité prématurée, une question naturelle est de savoir si les vies sauvées par cette réduction de la pollution causée par les perturbations économiques du Covid-19 dépassent le nombre de morts dues au virus lui-même. Même avec les hypothèses les plus prudentes, je pense que la réponse est très clairement oui », explique Marshall Burke.

L’économiste calcule que les deux mois de réduction de la pollution ont probablement sauvé la vie de 4 000 enfants de moins de 5 ans et de 73 000 adultes de plus de 70 ans, et ce, rien qu’en Chine. Ces populations seraient mortes au cours des deux mois de par la respiration des particules polluantes. Or, à l’heure où sont écrites ces lignes, l’épidémie a causé 7 954 morts dans le monde. Ce bilan peut cependant encore changer, puisque le coronavirus continue sa course mortelle dans le monde. Et rien ne peut remplacer les vies prises.

Depuis fin janvier, les niveaux de dioxyde d’azote sont en nette baisse sur l’ensemble du territoire chinois – © NASA

La pollution diminue également fortement en Italie

Les calculs de Burke se concentraient uniquement sur la Chine et ne comportent pas les dernières mises à jour de la situation. Aujourd’hui, il se trouve que l’Italie est le deuxième pays à avoir le plus de cas, c’est pourquoi elle a dû prendre des mesures de quarantaine très strictes afin d’enrayer l’épidémie. De plus, le pays connaît un taux de mortalité particulièrement élevé – plus de 7 % -, et ce, à cause de mesures trop tardives et des hôpitaux surchargés qui ne peuvent soigner tous les patients. Cependant, le satellite Copernicus Sentinel-5P, à l’aide de l’instrument Tropomi, a détecté une chute de la pollution atmosphérique au-dessus de l’Italie, notamment en ce qui concerne les émissions de dioxyde d’azote. Il s’agit d’un gaz principalement émis par les voitures, les camions, les centrales et certaines installations industrielles.

« La baisse des émissions de dioxyde d’azote dans la vallée du Pô, dans le nord de l’Italie, est particulièrement évidente. Bien qu’il puisse y avoir de légères variations dans les données en raison de la couverture nuageuse et des changements météorologiques, nous sommes très confiants sur le fait que la réduction des émissions que nous pouvons voir coïncide avec le confinement en Italie, entraînant moins de trafic et d’activités industrielles », explique Claude Zehner, responsable au sein de l’ESA pour la mission Copernicus Sentinel-5P.

Ces changements sont également visibles dans la ville de Venise où, faute de pollution liée à l’activité touristique de la ville, qui est à l’arrêt depuis deux semaines, les eaux sont devenues limpides. En effet, le trafic déplace normalement les sédiments accumulés au fond, ce qui contribue à la turbidité des eaux. Le confinement a « ramené les eaux des lagunes des temps anciens, ceux de la période de l’après-guerre, quand il était encore possible de se baigner dans les canaux », a rapporté le journal local La Nuova di Vene­zia e Mestre.

Si, bien évidemment, ces nouvelles ne compensent pas les terribles pertes humaines causées par l’épidémie, cela permettra peut-être de prendre conscience, une fois la crise passée, des changements que nous devons effectuer dans notre façon de vivre et dans nos sociétés.

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cych
cych
4 années

conclusion de ces videos : l’homme est un fléau pour la nature.