Peuplant les océans, les coraux sont des espèces qui, malgré les apparences, se livrent une guerre sans pitié afin d’obtenir une bonne niche écologique. Et dans cette bataille secrète, les coraux ne sont pas sans défense. Les espèces ont développé des toxines et autres méthodes de défense chimique et l’une d’elles pourrait bien, d’ici quelques années, guérir les patients souffrant d’un cancer.

EN QUOI LES CORAUX PEUVENT-ILS COMBATTRE LE CANCER ?

C’est l’une de ces toxines, la palytoxine, qui aurait le pouvoir de lutter contre le cancer. Celle-ci « est sécrétée dans le mucus de l’animal et lui sert à se défendre contre les prédateurs et à tuer ses proies » comme le précise Carole Valenti, pharmacienne. La palytoxine est une molécule créée par une variété de corail mou appartenant à la famille des Palythoa et poussant près des côtes de Floride.

Assez facile à trouver mais aussi à cultiver, ce corail pousse rapidement. Il a juste besoin d’eau de mer, de beaucoup de lumière et de broyat de plancton pour vivre. La facilité d’élevage de ce corail est donc un avantage et c’est justement cette caractéristique qui a poussé une entreprise française à s’intéresser à cette espèce.

LE CŒUR DE L’ACTIVITÉ D’UNE FERME FRANÇAISE

Installée à Marseille, Coral Biome est à l’origine une ferme spécialisée dans la culture de coraux. Une partie des espèces élevées est revendue à des particuliers ou des professionnels, qu’ils soient collectionneurs ou non. Cependant, leur activité principale concerne le Palythoa et la palytoxine.

Au cœur de leurs fermes, éleveurs et pharmaciens travaillent à l’identification et l’exploitation de la molécule en question. En cela, Coral Biome fait office de précurseur dans ce domaine. La recherche sur les coraux a commencé il y a seulement une trentaine d’années, et cela fait à peine 10 ans que les vertus thérapeutiques des toxines de coraux sont étudiées. Depuis quelques temps, les toxines prélevées sur les coraux font l’objet de tests sur des souris, et les premiers résultats sont tombés.

LES TESTS SONT-ILS CONCLUANTS ?

Dans le cadre d’un partenariat avec une Unité Mixte de Recherche, Coral Biome a testé la molécule sur plusieurs souris atteintes d’un cancer (pour des raisons de confidentialité, la maladie traitée n’est pas révélée). Elles ont eu droit à une administration unique ou à des injections répétées. Dans les deux cas, les résultats sont très encourageants : les premières ont survécu deux fois plus longtemps tandis que les secondes ont connu une rémission avec disparition à la fois des symptômes mais aussi de la tumeur.

Si ces résultats sont très prometteurs, rien n’indique qu’ils seront aussi impressionnants chez l’Homme. Pour que des tests soient menés chez des patients humains, l’entreprise doit maintenant attaquer une procédure de vérification et de certification en plusieurs étapes. La première (des études pré-cliniques) aura lieu d’ici 2 ans. Et si cette étape est réussie, les tests sur des humains pourront commencer à partir de 2021. L’attente est donc encore longue, mais grâce au corail, un espoir demeure dans le traitement du cancer.

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