Dès que le virus de l’herpès a infecté un organisme, il peut y rester toute sa vie, installé confortablement à l’intérieur du noyau des neurones. Des chercheurs américains viennent de trouver la stratégie adoptée par le parasite pour atteindre rapidement le cerveau de son hôte…

Le HSV, ou virus herpès simplex, est un parasite très contagieux qui touche une large population en France. Au moins un tiers des adultes du pays serait contaminé, soit près de 17 millions de personnes ! En général, ce virus provoque de légers symptômes comme des vésicules sur la bouche, les organes génitaux et la bouche. Mais il peut aussi être responsable d’infections très graves, voire mortelles (des encéphalites) pour des personnes immunodépressives…

Quand un individu est infecté, il l’est la plupart du temps toute sa vie. Effectivement, ce virus très résistant peut échapper facilement au système immunitaire, tout en persistant passivement dans les neurones. Mais comment peut-il arriver dans le cerveau ? Des chercheurs américains de la Northwestern University Feinberg School à Chicago ont réussi à analyser sa stratégie.

Pour mieux comprendre le phénomène, il faut s’intéresser aux caractéristiques du virus de l’herpès. Il appartient à une famille qui est celle des herpesviridés, possédant de l’ADN double brins. Dès l’infection d’une cellule, l’ADN viral (du virus) entre dans le noyau et utilise les ressources cellulaires présentes. Cela lui permet de produire de nombreuses particules virales (jusqu’à 10 000), qui sont par la suite expulsées et vont directement infecter d’autres cellules. Mais pour que ce cycle de multiplication viral ait lieu, le parasite doit trouver un moyen d’entrer dans le noyau de la cellule. Pas de problème pour le HSV puisqu’il a eu la bonne idée d’utiliser une porte d’entrée déjà mise en place par les cellules !

Nos cellules possèdent un squelette, ou cytosquelette, composé de fibres appelées microtubes. Ils permettent de véhiculer diverses ressources à l’intérieur ou l’extérieur du noyau. Ces même microtubes sont très présents dans les neurones. Le transport de composants cellulaires dans ces fibres est réalisé par des moteurs moléculaires, appelés les dynéines. Les auteurs de l’étude ont démontré que le virus de l’herpès avait la possibilité de s’associer aux dynéines, par le biais d’une protéine virale. Une fois rattachées à ce moteur moléculaire, les particules virales n’ont plus qu’à être directement projetées dans le noyau ! Un moyen astucieux pour le virus de détourner le fonctionnement de la cellule à son avantage. Ce qui lui permet, en s’attaquant au moteur cellulaire, de rapidement infecter les cellules et donc parvenir au cerveau. Selon Gregory Smith, directeur de ces travaux « cette astuce est la première du genre à être mise en évidence ».

Modélisation du fonctionnement des dynéines. Ces moteurs cellulaires se déplacent le long des microtubules (en gris) et entraînent le transport des organites à l’intérieur de la cellule. 

Un mécanisme viral qui peut sembler embêtant mais qui pourrait finalement trouver une fonction très utile. Il pourrait être copié en médecine régénérative. Des chercheurs ont réfléchi à la possibilité d’utiliser le virus de l’herpès comme moyen d’insertion de gènes dans les cellules nerveuses ! Même si il va encore falloir des études pour envisager cette pratique, elle pourrait faire rapidement avancer la recherche de traitements contre les maladies neurodégénératives telles qu’Alzheimer ou Parkinson. Une bonne nouvelle pour toutes les personnes qui souffrent de ces maladies. La médecine évolue à grande vitesse et fait de remarquables progrès, pensez-vous que l’on réussisse un jour à guérir ces maux ?

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