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L’espace fascine l’humanité depuis des millénaires. Mais au-delà de l’exploration et de la découverte, certains rêvent de s’installer sur d’autres planètes. Est-ce une utopie ou un projet réalisable ? Quels sont les défis et les enjeux d’une telle entreprise ? Tour d’horizon des différentes perspectives sur la colonisation spatiale.
La planète rouge dans le viseur
Mars est la planète la plus proche et la plus semblable à la Terre dans notre Système solaire. C’est pourquoi elle attire l’attention de nombreux acteurs, publics et privés, qui ambitionnent d’y envoyer des missions habitées. Parmi eux, le milliardaire Elon Musk, fondateur de SpaceX, qui envisage d’établir une ville d’un million d’habitants sur Mars d’ici 2050. La NASA et la Chine ont également des projets pour envoyer des astronautes sur la planète rouge dans les années 2030 ou 2040.
Mais coloniser Mars n’est pas une mince affaire. Il faut d’abord assurer la survie des colons dans un environnement hostile, où les températures sont extrêmes, l’atmosphère est ténue et les radiations sont élevées. Il faut ensuite garantir leur autonomie par rapport à la Terre, en produisant de l’énergie, de l’eau, de la nourriture et des matériaux sur place. Selon Serkan Saydam, professeur à l’université de Nouvelle-Galles du Sud et spécialiste de l’exploitation minière spatiale, cela pourrait prendre des dizaines d’années. Il souligne également que l’extraction de minéraux précieux sur Mars pourrait être un facteur clé pour assurer la viabilité financière d’une colonie à long terme.
Toutefois, certains experts sont sceptiques quant à la faisabilité et à l’intérêt de coloniser Mars. Louis Friedman, ingénieur astronautique et cofondateur de la Planetary Society, et Rachael Seidler, neuroscientifique à l’université de Floride, estiment que l’idée relève plus du fantasme que de la réalité. Ils invoquent notamment les risques sanitaires et psychologiques liés à un séjour prolongé sur une planète inhospitalière. L’astronome Neil deGrasse Tyson compare Mars à l’Antarctique, un lieu où personne ne souhaite s’établir malgré des conditions plus clémentes que sur la planète rouge.
Des destinations lointaines mais prometteuses
Si Mars ne fait pas rêver tout le monde, il existe peut-être d’autres planètes plus propices à l’accueil de la vie humaine. Les exoplanètes sont des planètes situées en dehors de notre Système solaire. Certaines d’entre elles sont considérées comme potentiellement habitables, c’est-à-dire qu’elles possèdent une atmosphère et une température compatibles avec la présence d’eau liquide à leur surface.
Mais ces exoplanètes sont très éloignées de nous. La plus proche se trouve à plus de quatre années-lumière, soit environ 40 000 milliards de kilomètres. Avec les technologies actuelles, il faudrait plusieurs dizaines de milliers d’années pour s’y rendre. Frédéric Marin, astronome à l’Observatoire astronomique de Strasbourg, est optimiste et pense que les progrès de la propulsion spatiale pourraient réduire considérablement le temps de voyage. Il a réalisé une simulation selon laquelle il serait possible d’atteindre une exoplanète habitable en 500 ans.
Un tel voyage impliquerait toutefois un vaisseau spatial capable d’accueillir plusieurs générations de personnes, dont la plupart ne verraient jamais leur destination finale. Marin a calculé qu’un équipage initial d’environ 500 personnes serait suffisant pour maintenir une diversité génétique acceptable.
Mais au-delà des aspects techniques, il faut aussi se poser des questions éthiques. Est-il acceptable d’envoyer des gens dans l’espace sans leur laisser le choix de leur destin ? Comment assurer le bien-être et la cohésion sociale d’une population confinée dans un vaisseau pendant des siècles ? Et comment respecter l’environnement et la vie des planètes que l’on souhaite coloniser ?
La colonisation spatiale est un sujet qui suscite à la fois l’enthousiasme et le scepticisme. Certains y voient une opportunité de repousser les limites de la connaissance et de l’aventure humaine. D’autres y voient une utopie irréaliste ou dangereuse. Quelle que soit la position que l’on adopte, il est indéniable que le projet soulève de nombreux défis, scientifiques, techniques, économiques, sociaux et éthiques. Il nous invite à réfléchir à notre rapport à la Terre, à l’espace et aux autres formes de vie. Il nous interroge sur notre avenir en tant qu’espèce.