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Le cobra royal forme quatre espèces distinctes et non pas une seule

Depuis 1836, le cobra royal était considéré comme une seule espèce

Cobra Royal
— Roberto 33 / Shutterstock.com

Depuis près de deux siècles, le cobra royal (Ophiophagus hannah), serpent venimeux le plus long du monde, était considéré comme une seule et unique espèce aux caractéristiques variables. Mais aujourd’hui, grâce aux recherches récentes, les scientifiques ont déterminé qu’il s’agit en réalité de quatre espèces différentes. Cette découverte, publiée dans l’European Journal of Taxonomy, marque un tournant dans notre compréhension de ces prédateurs, soulignant l’importance de l’identification d’espèces pour la conservation et la biodiversité.

Un serpent, quatre identités

Le cobra royal, présent dans une vaste zone de l’Asie allant de l’Inde et la Chine jusqu’aux Philippines et aux îles de la Sonde, peut atteindre une taille impressionnante de 5,6 mètres, ce qui en fait le serpent venimeux le plus long du monde. Toutefois, bien qu’il ait toujours été vu comme une seule espèce variable depuis sa première description en 1836, des différences dans l’apparence des cobras de diverses régions ont mené des chercheurs à se demander si cette classification unique était correcte.

Gowri Shankar et ses collaborateurs ont découvert en 2021 qu’il existait une hétérogénéité génétique entre quatre populations différentes de cobras royaux dans l’ensemble de leur aire de répartition. Les indices étaient pourtant sous nos yeux depuis longtemps, avec des différences notables dans le marquage et l’apparence des cobras de régions distinctes. 

Les chercheurs ont finalement entrepris d’examiner de plus près les caractéristiques morphologiques et les motifs de marquage de ces serpents répartis sur le continent asiatique. Après des années d’investigation et une analyse minutieuse de 153 spécimens, dont cinq spécimens squelettiques, les chercheurs ont confirmé que le cobra royal ne se compose pas d’une mais bien de quatre espèces distinctes.

Des espèces nouvellement identifiées

Les recherches ont permis de classer ces serpents en quatre nouvelles espèces : le cobra royal du Nord (Ophiophagus hannah), le cobra royal de la Sonde (Ophiophagus bungarus), le cobra royal des Ghats occidentaux (Ophiophagus kaalinga) – dont l’habitat se situe dans les Ghats occidentaux de l’Inde – et enfin, le cobra royal de Luçon (Ophiophagus salvatana), limité à l’île de Luçon dans le nord des Philippines.

Ces nouvelles espèces se distinguent par leurs bandes de couleur, leur structure corporelle et leurs marques uniques. Par exemple, contrairement aux juvéniles, les cobras adultes de Luçon ont un motif moins prononcé, avec des bandes pâles à peine discernables. L’adulte O. salvatana a une apparence tachetée, presque sans rayures. Dans leurs recherches, les scientifiques affirment qu’O. bungarus a beaucoup plus de rayures que la branche nord, O. hannah.

Le nom de genre Ophiophagus décrit le comportement cannibale des cobras royaux, qui mangent principalement d’autres serpents et des petits mammifères. Selon les auteurs, le terme est dérivé des mots grecs ophis, qui signifie « serpent », et phagos, qui signifie « mangeur ». Auparavant connu sous le nom de Hamadryas, le genre a été officiellement renommé en 1945. 

Un nouveau souffle pour la conservation

La reconnaissance officielle de quatre espèces de cobra royal a des implications importantes pour la conservation. En tant qu’espèces distinctes, elles possèdent désormais des aires de répartition spécifiques à protéger. Cela permet d’ajuster les efforts de conservation en fonction des menaces locales, comme la déforestation, le changement climatique et d’autres pressions environnementales. Les chercheurs espèrent que cette découverte suscitera un sentiment de fierté dans les communautés locales vis-à-vis de leur propre « représentant » du cobra royal, comme cela se voit dans certaines régions de l’Inde, où les cobras sont souvent perçus avec admiration plutôt que crainte.

Les chercheurs soulignent aussi que les aires de répartition de certaines espèces, comme celles d’O. kaalinga et d’O. salvatana, sont particulièrement réduites et donc plus vulnérables aux catastrophes naturelles et aux activités humaines destructrices. Ainsi, en nommant et répertoriant ces nouvelles espèces, les scientifiques espèrent attirer davantage l’attention sur la protection de ces populations spécifiques.

Jusqu’à présent, un seul type d’antivenin est utilisé pour traiter les morsures de cobra royal. Mais étant donné que chaque espèce nouvellement identifiée pourrait produire des venins aux effets légèrement différents, les chercheurs recommandent de créer des antivenins spécifiques pour chaque espèce. Par ailleurs, une famille découvre un serpent noir à ventre rouge très venimeux dans sa maison en Australie.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: IFL Science

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