On entend souvent revenir, lorsque l’on parle de cinéma, l’appellation cinéma indépendant. Cependant, cette désignation n’est pas extrêmement claire et il n’est pas toujours facile de déterminer quel film entre dans cette catégorie. SooGeek vous aide à y voir plus clair avec le cinéma indépendant. 

 

Il est impossible que vous n’ayez jamais entendu l’expression « cinéma indépendant », cette étiquette que l’on colle souvent à des films, et qui connoterait un côté arty, fauché réservant le film à un public restreint. Seulement, en y regardant de plus près, on se rend compte que les films que les gens classent dans la catégorie « indépendant » sont disparates et que les écarts de budgets et de niveau de diffusion ne sont pas égaux entre eux.

 

Tout d’abord, quand on parle de « cinéma indépendant », de quoi entend-on que ce cinéma serait indépendant ? Eh bien du « système », et cela de manière structurelle. En effet, de manière historique, l’industrie du cinéma a toujours, du moins en Occident et surtout plus particulièrement aux Etats-Unis, été dominée par une poignée d’entreprises très puissantes. Cela a commencé dès les prémices du cinéma, avant la Première Guerre mondiale, lorsque Thomas Edison forme un trust sur la côte est des Etats-Unis dans le domaine de l’industrie du cinéma. Pour contourner ce blocage, des producteurs s’enfuient sur la côte ouest et fondent ce qui deviendra l’industrie hollywoodienne.

 

Thomas Edison, créateur du premier trust de l’industrie du cinéma : 

 

 

Passés de dominés à dominants après l’effondrement du trust d’Edison au milieu de la Première Guerre mondiale, les producteurs hollywoodiens mettent eux aussi en place un système très fermé : ils diffusent eux-mêmes leurs propres films à travers leurs propres réseaux de salles de cinéma et se « prêtent » leurs stars entre eux, ces stars étant liées à leurs studios respectifs par des contrats d’exclusivité (il en va de même pour les réalisateurs mais aussi pour la majorité des métiers de la profession). Bien décidés à ne pas se laisser museler par les grands studios, plusieurs artistes de l’époque, dont Mary Pickford, Douglas FairbanksCharlie Chaplin ou encore D. W. Griffith, fondent une nouvelle major du cinéma, la United Artists, au début des années 1920, et qui produit ses films de son côté sans l’apport des grands studios et les diffuse dans les salles n’appartenant pas aux parcs de salles privés des autres majors.

 

Mary Pickford, Douglas FairbanksCharlie Chaplin et D. W. Griffith, les fondateurs la première société de production indépendante, United Artists : 

 

Si la United Artists va connaitre des hauts et des bas, elle pose les bases du cinéma strictement indépendant, à savoir celui qui se fait en dehors du circuit ultra dominant des grands studios hollywoodiens. Après la Seconde Guerre mondiale, les grands studios hollywoodiens vacillent et les cinémas américains s’ouvrent de plus en plus à de petites productions à budget serré mais aux thèmes affriolants : c’est le début du cinéma d’exploitation. En parallèle, de nombreux films « artistiques », eux aussi à petit budget, et pas spécialement destinés à une grosse diffusion, voient le jour. C’est le début du cinéma indépendant tel qu’on le connait.

 

Reservoir Dogs, premier film de Quentin Tarantino, est un film indépendant :  

Par la suite, preuve de l’indéniable succès de la chose, du moins chez les initiés, de nombreux festivals de films indépendants vont voir le jour, comme le Festival de Sundance, qui se tient tous les ans dans l’Utah (Etats-Unis) depuis le début des années 1980. Ce qui n’empêche pas la majorité de ces films d’obéir toujours à la règle relativement peu changeante : production en dehors du circuit « mainstream » et faible diffusion. Cependant certains films à la production véritablement indépendante, à l’orée des années 1990, notamment les films de Quentin Tarantino comme Reservoir Dogs ou Pulp Fiction, vont venir rompre la donne avec leur important succès populaire.

 

Grand succès critique et populaire, Little Miss Sunshine est un film produit par le label de la 21st Century Fox destiné aux films indé : 

Aujourd’hui les majors hollywoodiennes ont réalisé le potentiel de ce cinéma à petit budget capable de rapporter gros, notamment la 21st Century Fox qui, à travers son label Fox Searchlight, produit des films indépendants avec à la clef de beaux succès critiques et populaires comme Little Miss Sunshine. Sans oublier que la production indépendante peut devenir le refuge de réalisateurs soucieux de parvenir à une relative liberté de création, comme ce fut le cas de manière spectaculaire avec Andy et Lana Wachowski pour leur film Cloud Atlas, réalisé en dehors des circuits de production classiques (mais tout de même distribué par une major) et atteignant le budget record pour un film indépendant de 106 millions de dollars.

 

En dépit des apparences et de son grand distributeur (Warner Bros.) Cloud Atlas est, stricto sensu, un film indépendant : 

 

Définitivement, l’appellation cinéma indépendant recouvre en fait un champ très vaste et hétéroclite de films. Certains films que l’on classe comme indépendants disposent en effet contre toute attente d’un budget déjà très conséquent ou d’une distribution assurée par une société majeure… Ce qui n’empêche pas certains de ces films, en dépit de leur budget serré et de leur succès limité, d’être d’une immense qualité. Etes-vous plus attiré par les films à petit budget ou par les gros blockbusters ?

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