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Un intrigant cimetière espagnol vieux de 5 000 ans contient deux fois plus de femmes que d’hommes

Ce déséquilibre soulève de nombreuses questions

Squelettes Cimetiere
© University of Granada; DZ.B. Marta et al. Sci Rep (2024); CC-BY 4.0)

Un cimetière antique découvert dans le sud de l’Espagne intrigue les chercheurs. Datant d’environ 5 000 ans, il présente une étrange disproportion entre le nombre de femmes et d’hommes enterrés sur place, avec une nette majorité de femmes. Cette découverte soulève un certain nombre de questions, car les raisons de cette répartition ne sont pas claires.

Découverte du cimetière

Le cimetière, appelé Panoría, est situé dans le sud de l’Espagne. Les fouilles, qui se sont déroulées entre 2015 et 2019, ont révélé un site funéraire composé de dolmens et de tombes à chambres rupestres. Les dolmens, formés de grandes pierres dressées et recouvertes de dalles, servaient de sépultures pour les membres d’une communauté préhistorique. Selon les chercheurs de l’université de Grenade en Espagne et de l’université de Tübingen en Allemagne, qui ont mené les fouilles, le site contient environ 55 000 fragments de restes humains.

En analysant ces restes, les chercheurs ont pu identifier les ossements d’au moins 91 personnes. Parmi eux, il a été possible de déterminer le sexe de 44 personnes. Ces analyses ont révélé que 27 d’entre eux étaient des femmes, tandis que seulement 17 étaient des hommes. Cet écart devient encore plus frappant lorsqu’on prend en compte les enfants : sur les sept enfants identifiés, six étaient des filles et un seul était un garçon. Globalement, le ratio hommes-femmes dans ce cimetière est inférieur à deux hommes pour trois femmes.

Un sex-ratio inexplicable

Ce déséquilibre dans le nombre d’hommes et de femmes enterrés à Panoría a suscité des interrogations chez les chercheurs. Selon l’étude publiée dans Scientific Reports, cette disproportion ne peut pas être expliquée par des causes naturelles ou des événements soudains et imprévisibles, tels que des catastrophes ou des guerres. En effet, les preuves archéologiques disponibles ne montrent aucun signe de conflit dans la région à cette époque.

Les chercheurs avancent plusieurs hypothèses pour expliquer cette situation inhabituelle. Une possibilité est que la société qui utilisait ce cimetière fonctionnait selon un système matrilinéaire, où les femmes avaient un rôle social central et étaient davantage valorisées que les hommes. Dans les cultures matrilinéaires, la descendance et les relations de parenté sont transmises par les femmes, ce qui pourrait expliquer pourquoi un plus grand nombre de femmes ont été enterrées à Panoría. Les hommes, quant à eux, auraient pu quitter le groupe pour rejoindre d’autres communautés, conformément aux pratiques d’exogamie masculine.

Cependant, cette théorie reste spéculative. Les chercheurs soulignent qu’il faudra davantage d’études pour confirmer ou infirmer cette hypothèse et comprendre précisément les raisons de cette différence marquée dans la répartition des sexes.

L’analyse scientifique

Pour parvenir à ces conclusions, les scientifiques ont utilisé plusieurs méthodes afin de déterminer le sexe des personnes enterrées. La première étape a consisté à analyser les squelettes, en se basant notamment sur la forme du bassin et du crâne, deux parties du corps qui diffèrent chez les hommes et les femmes. Dans certains cas, ils ont également pu extraire et analyser de l’ADN ancien pour identifier les chromosomes sexuels (XX pour les femmes, XY pour les hommes).

Enfin, les chercheurs ont eu recours à une méthode plus récente, basée sur l’analyse des peptides d’amélogénine, une protéine présente dans l’émail des dents. Ce peptide est codé par un gène situé sur le chromosome X, permettant ainsi de déterminer avec précision le sexe, y compris chez les enfants, dont le sexe est plus difficile à déterminer à partir de simples observations des ossements.

Malgré les analyses approfondies, la question de savoir pourquoi un nombre disproportionné de femmes a été enterré à Panoría reste sans réponse définitive. Marta Díaz-Zorita Bonilla, bioarchéologue à l’université de Tübingen et l’une des principales auteures de l’étude, a souligné l’importance de poursuivre ces recherches pour mieux comprendre la vie des populations de l’époque. 

Par ailleurs, dans le sud de la France, un cimetière néolithique utilisé pendant 800 ans révèle ses secrets.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: Live Science

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