Kristine Tompkins, philanthrope et ancienne PDG de la marque North Face, vient de faire don à l’État chilien de plus d’un million d’acres de terre (soit près de 405 000 hectares), ce qui constitue le plus important don de terres privées au monde jamais réalisé. Pour compléter ce don extraordinaire, la présidente du gouvernement chilien Michelle Bachelet a signé un accord pour une campagne de conversion massive, fusionnant 10 millions d’acres de terres fédérales à ces terres emblématiques. Ainsi, cette démarche crée trois nouveaux parcs nationaux placés sous la stricte protection environnementale accordée aux parcs nationaux désignés.
Quelle surface cela représente ?
Des kilomètres de littoral non aménagés, des forêts vierges et des volcans actifs complètent la zone qui surpasse toutes les autres aires protégées de l’histoire chilienne. En effet, si les 11 millions d’acres de nature sauvage de la Patagonie ne sont pas si différentes des falaises de granit et des pics glacés de Yosemite, les parcs de Yellowstone et de Yosemite représentent ensemble moins d’un tiers de la superficie des nouveaux parcs protégés du Chili.
Autrement dit, ils sont 5 000 fois plus grand que le Central Park de Manhattan. Une démarche qui place le Chili comme l’un des pays du monde avec les plus hauts pourcentages de terres protégées.
Un projet de longue date
Bachelet a fait l’éloge des philanthropes américains Doug Tompkins et Kristine McDivitt Tompkins pour leur travail de soutien à la préservation de la Patagonie, un projet passionnant qu’ils poursuivent depuis des décennies. Après la vente de leurs marques, ils s’étaient engagés dans la préservation de vastes zones de terres au Chili et en Argentine. Si le couple avait créé polémique dans les années 80 en achetant d’énormes pans de terres en Patagonie argentine et chilienne, l’ONG du couple a depuis dépensé plus de 300 millions de dollars pour assurer la protection de plus de 800 000 hectares.
Doug Tompkins n’a malheureusement pas vécu assez longtemps pour voir son rêve se concrétiser, lui qui mourut dans un accident de kayak en 2015. La finalité de ce projet étant, à terme, de rendre leurs terres à ces pays avec l’assurance que ces derniers œuvreraient pour leur protection définitive, son épouse a finalisé la donation de trois parcs naturels, Pumalin, Patagonia et Melimoyu/Isla Magdalena, soit exactement 407 625 hectares de terres.
Investir dans l’avenir du Chili
Aujourd’hui, il semblerait que l’ensemble du gouvernement du pays est d’accord pour dire que ces parcs apporteront beaucoup au Chili. Si les raisons écologiques paraissent évidentes, ces parcs représentent une protection massive contre la destruction de l’habitat. C’est aussi une initiative économique intelligente pour le Chili : en effet, les parcs font partie des principaux moteurs touristiques du pays, et la plupart des sentiers, des infrastructures, des chalets et d’autres services connexes sont déjà en place. La protection formelle garantira désormais que les parcs soient gardés, eux qui sont tant appréciés par les touristes et les habitants.
« Les parcs nationaux sont l’étalon-or de la conservation », a déclaré Hernán Mladinic, un défenseur de longue date de la protection des écosystèmes du sud du Chili. « Pour chaque dollar que vous investissez dans les parcs nationaux, vous obtenez 10 de retour. C’est plus rentable que le cuivre. »
Suivre le modèle américain
Les nouveaux parcs seront construits en s’inspirant des « routes sauvages et pittoresques » pour lesquelles les parcs américains sont bien connus : une signalétique savamment conçue, des points de vue pittoresques et des routes qui évitent de perturber les terrains naturels et accidentés. Kris Tompkins supervise les programmes de « ré-ensauvagement » en Argentine, et a réussi à préserver de nombreuses espèces au bord de l’extinction. Elle espère qu’ils vont mettre en œuvre des programmes similaires au Chili.
Cette action de conservation par le gouvernement chilien au nom du peuple contraste clairement avec le climat politique actuel aux États-Unis. Bien que les parcs au Chili soient conçus selon un modèle classique américain pour les parcs nationaux, de nouvelles politiques américaines vont à l’encontre des accords de préservation, réduisent les budgets axés sur la science de l’environnement et la conservation, et rejettent la science du climat, ce qui menace clairement l’intégrité des parcs des États-Unis qui ont servi d’étalon-or pour le reste du monde pendant si longtemps.
Par Tom Savigny, le
Source: Futurism
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