L’un meilleur ami de l’homme, l’autre principalement prédateur sanguinaire dans le folklore. Le chien et le loup, pourtant cousins, diffèrent sur de nombreux points. Malgré tout, des études ont démontré quelques ressemblances chez les deux canidés, dont une en particulier : ils ont tous deux conscience des inégalités.

Chiens et loups, conscients des inégalités

Cette étude du Wolf Science Center de l’université de médecine vétérinaire de Vienne a mis en évidence une similarité comportementale chez les deux espèces de canidés. Les résultats de cette étude publiée le 8 juin dans la revue Current Biology montrent que les chiens autant que les loups ont conscience lorsqu’ils sont victimes d’une inégalité. Ce comportement social, compétence importante chez les humains, avait déjà été observé chez des primates mais pas encore étudié en détail chez les canidés. Le but ici était de démontrer qu’il s’agissait d’une caractéristique innée descendant d’un ancêtre commun aux chiens et aux loups et non d’un effet de la domestication.

Les chercheurs autrichiens ont placé soit deux chiens, soit deux loups dans un enclos. Ils étaient tous deux séparés par un grillage. Un des canidés était alors invité par un expérimentateur à poser la patte sur un buzzer pour obtenir une récompense. L’animal dans l’autre enclos était appelé à en faire de même par la suite. Cette mécanique a été répétée une soixantaine de fois (30 par animal). Afin d’observer les réactions des canidés, les biologistes ne récompensaient quelque fois pas l’animal qui effectuait avec succès l’exercice, ou lui donnait une récompense monde, tout en récompensant l’animal voisin.

Le Wolf Science Center s’attache à étudier les caractéristiques communes entre les loups, les chiens et les humains

Un refus de coopérer en réponse à l’iniquité

Les scientifiques ont rapidement observé que l’animal le moins bien récompensé éprouvait un sentiment d’injustice et arrêtait l’exercice. Pour Jennifer Essler, co-auteure de l’étude, leur « habilité à réaliser l’iniquité est devenue évidente quand ils ont refusé de continuer l’expérience ». Ce comportement ne s’applique pas seulement au manque de récompense mais également à la qualité de celle-ci. Si ils observent leurs congénères se faire offrir un morceau de viande alors qu’ils ne reçoivent qu’une simple croquette, les canidés ne veulent alors plus poursuivre l’exercice.

Se sentant victime d’iniquité, l’animal refuse de continuer l’exercice

Un comportement qui n’est pas lié à la domestication

Les scientifiques ont également testé l’expérience sans congénère dans l’enclos voisin. Les canidés poursuivaient alors la tâche, même si il n’y avait pas de récompense. « Cela montre bien que ce n’est pas juste le fait de ne pas recevoir de viande qui les a poussé à arrêter de coopérer avec l’expérimentateur » explique Friederike Range, également auteur de l’étude. Ce comportement montre que c’est bien la différence de traitement entre eux qui les fait réagir. Observé autant chez les chiens que chez les loups, il n’est pas lié à la domestication des canidés.

Cependant, dans une pièce neutre à la fin de l’étude, les loups victimes de l’injustice restaient distants des humains par rapport à ceux qui étaient récompensés. A l’inverse, les chiens eux n’en tenaient pas rigueur, même ceux victimes d’iniquité. Leur fidélité envers l’homme paraît donc inébranlable.

Les loups victimes d’injustice étaient par la suite plus méfiants envers l’homme à la différence des chiens
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