— Seregraff / Shutterstock.com

Des scientifiques israéliens ont récemment montré que les chauves-souris profitaient dès la naissance d’une capacité s’apparentant à un véritable super-pouvoir : une perception du temps d’une précision quasi surnaturelle.

Un « super-pouvoir » inné

Publiés dans la revue PNAS, leurs travaux ont permis de confirmer que la vitesse du son était codée de manière innée dans le cerveau des chauves-souris. Si cela semble logique, étant donné que ces créatures utilisent l’écholocalisation pour trouver leur nourriture dans l’obscurité et éviter de percuter les arbres, contrairement aux oiseaux, qui apprennent à chanter, ou aux lions, qui apprennent à chasser, les chauves-souris savent écholocaliser dès leur naissance.

Lorsque les cris aigus qu’elles émettent rebondissent sur des objet éloignés, ces créatures traduisent le temps s’écoulant jusqu’au retour de l’écho en une mesure de distance. Le son pouvant se déplacer plus ou moins vite en fonction de la température de l’air, il était par conséquent raisonnable de penser que les chauves-souris s’y adapteraient.

Afin de savoir si elles pouvaient adapter leur écholocalisation aux changements de vitesse du son, Eran Amichai et Yossi Yovel de l’université de Tel Aviv ont entraîné huit chauves-souris pipistrelles de Kuhl (Pipistrellus kuhlii) adultes à voler vers un perchoir situé dans une chambre remplie d’oxygène et d’hélium (moins dense que les autres gaz atmosphériques et au sein duquel le son se propage plus rapidement).

Pipistrelle de Kuhl adulte — © Leonardoancillotto86 / CC BY 3.0

Si l’hélium a effectivement perturbé la synchronisation de l’écholocalisation des chauves-souris, avec des créatures ratant systématiquement le perchoir, les auteurs de l’étude ont constaté avec étonnement l’incapacité des chauves-souris adultes à s’adapter à ce changement.

Des expériences révélatrices

Amichai et Yovel ont ensuite renouvelé l’expérience avec des spécimens juvéniles. Au total, 11 chauves-souris ont été suivies, dont la moitié avaient été élevées depuis leur naissance dans la chambre enrichie en hélium. Lorsque les créatures ont été en âge de voler, les chercheurs les ont également entraînées à atteindre le perchoir. Et il s’est avéré qu’aucun des deux groupes n’était en mesure de détecter avec précision la distance les séparant de l’objet.

Les deux expériences indiquent que les chauves-souris ont une référence rigide et innée pour la vitesse du son. Les structures cérébrales impliquées dans l’écholocalisation étant similaires chez toutes les espèces, l’équipe s’attend à ce que cette référence soit la même chez l’ensemble des chauves-souris.

Cette capacité constituant une part cruciale de la façon dont ces créatures perçoivent leur environnement, Yovel estime qu’il est possible qu’un sens inné du temps, bien que perfectible, soit plus profitable qu’un sens flexible, nécessitant un apprentissage plus long.

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