Partout dans le monde, les jardins sont appréciés des visiteurs et des promeneurs qui se délectent de ces paysages changeants, des ravissantes fleurs et des arbres majestueux. Parmi tous les jardins ouverts au public de par le monde, il en est un particulier, celui du Château anglais d’Alnwick, à la frontière écossaise.
UN CHÂTEAU REMARQUABLE
Le château d’Alnwick (prononcer Anick), construit au XIe siècle pour protéger la frontière avec l’Ecosse, est le second plus grand château habité de Grande Bretagne. Ouvert au public en été, il attire chaque année plusieurs centaines de milliers de visiteurs. Remanié à plusieurs reprises, le château où vit le 12e duc de Northumberland avec son épouse et leurs quatre enfants, comporte de nombreux styles architecturaux allant du gothique à l’italianisme.
Son aspect singulier lui a valu d’apparaître dans plusieurs films et séries dont Becket, un film de 1964, la série de la BBC La Vipère noire, Robin des Bois, prince des voleurs ou plus récemment comme décor pour l’intérieur et l’extérieur de l’école de Poudlard dans les films d’Harry Potter, ainsi que pour certaines scènes de la série télévisée Downton Abbey, ce qui a augmenté l’intérêt du public pour Alnwick.
DES JARDINS HISTORIQUES
La première trace attestée de jardins autour du château d’Alnwick date de 1750, quand le premier duc du Northumberland a engagé le célèbre jardinier britannique Capability Brown. Quelque temps plus tard, le troisième duc, grand collectionneur de plantes, a fait venir du monde entier des plants et des graines.
Son successeur, a, pour sa part, créé un jardin à l’italienne. Le jardin connaît alors son apogée, mais au cours de la Seconde Guerre mondiale, il est reconverti en jardin vivrier pour nourrir la population. Avec les rationnements et les privations de l’après-guerre, il cesse d’être entretenu dans les années 1950.
AU XIXE SIÈCLE, L’ARISTOCRATIE ANGLAISE SE PASSIONNE POUR LA BOTANIQUE ET LES PLANTES DE COLLECTIONS ISSUES DE L’EMPIRE COLONIAL
LES JARDINS CONTEMPORAINS
Outre le château déjà remarquable en lui-même, le domaine est célèbre pour ses jardins d’une cinquantaine d’hectares. Fascinée par les jardins depuis son enfance, Lady Jane Percy a décidé de redonner leur lustre aux jardins d’Alnwick abandonnés après la Seconde Guerre mondiale. En 1997, la duchesse confie les plans et la réalisation des 50 hectares, aux paysagistes belges Jacques et Peter Wirtz, auteurs notamment du jardin du Carrousel aux Tuileries et des Jardins de l’Elysée à Paris.
C’est en 2004 que réouvrent les jardins dont le principal est centré autour d’une vaste cascade. Outre la grande cascade, le jardin propose Le jardin d’ornement (The Ornamental Garden) avec ses carrés sages et ses treillis de grimpantes et la plus grande collection de plantes d’Europe en Angleterre ; La roseraie (The Rose Garden) : plus de 3000 roses créées par David Austin, The TreeHouse (ouvert en 2004) : la plus grande cabane dans les arbres du monde qui abrite le restaurant du parc, Le jardin du Serpent (The Serpent Garden), orné de sculptures aquatiques conçues par William Pye et Le Labyrinthe de bambous (The Bamboo Labyrinth).
Entre bosquets, perspectives et promenades arborées, le plus fascinant et original des jardins du lieu est assurément le jardin des poisons.
LE JARDIN DES POISONS
AU COURS DE LA VISITE, LES GUIDES DÉLIVRENT RÉGULIÈREMENT DES MESSAGES DE PRÉVENTION CONTRE L’USAGE DE DROGUES
Créé en 2005 par Lady Percy, le jardin des poisons, est inspiré du jardin des Médicis à Padoue. Il est clos et muni de grilles noires où l’on peut lire « ces plantes peuvent tuer » sous deux têtes de mort. Après cette dramatisation de l’entrée, les visiteurs, obligatoirement en groupe accompagné d’un guide du château peuvent, 15 minutes durant, découvrir et admirer une centaine d’espèces végétales aussi esthétiques que dangereuses pour la santé.
Les plantes aux effets narcotiques voire toxiques pour les humains sont cultivées dans un décor savamment orchestré. Les espèces les plus dangereuses sont placées en cages. Le parcours est, comme dans les autres parties du jardin, animé par des œuvres d’art et des installations formant des bosquets. A la fin de la visite, un petit livret de prévention est remis aux visiteurs. Il est bon de savoir que le site est filmé jour et nuit pour éviter le vol de ces plantes dangereuses.
Parmi les plantes présentées, l’on retrouve les digitales, la belladone, l’aconit, la ciguë et la ricine pour les plus mortelles. Le pavot, le cannabis, la mandragore pour les drogues et hallucinogènes. Enfin, une sélection de champignons dignes d’Alice au Pays des merveilles est également de la partie.
En dix ans, les jardins d’Alnwick sont devenus le troisième jardin le plus visité d’Angleterre avec 600 000 visiteurs, permettant non seulement d’assurer son entretien, mais également de créer des emplois directs et indirects dans cette région sinistrée de la Grande-Bretagne. Avant de connaitre le succès que l’on connaît, ce jardin a soulevé la polémique dans la presse, les milieux politiques et les institutions du jardinage. Comme l’affirme lady Jane Percy, ses projets ne sont pas terminés et il est probable qu’ils défraient une nouvelle fois la chronique anglaise.
A la rédaction, nous avons été subjugués par les fabuleux jardins d’Alnwick et par la personnalité de la fantasque duchesse. Si les grands jardins paysagers vous passionnent, la vidéo du survol des jardins de Versailles devrait vous plaire.