C’est un modeste répit pour la vie sauvage. Désormais, les animaux poursuivis par un équipage de chasse à courre qui se réfugient dans une zone habituée ou commerciale seront officiellement « graciés ». Ce décret ministériel fait suite à plusieurs incidents. Explications.

 

Une pratique largement controversée

Aussi appelée vénerie, la chasse à courre est un mode de chasse ancien consistant à lancer aux trousses d’un animal sauvage une meute de chiens, jusqu’à ce qu’il s’épuise. Montant généralement à cheval, les hommes se contentent quant à eux de contrôler les chiens et de les guider. Pratiquée principalement en Europe, en Amérique du Nord et en Océanie, cette pratique est jugée particulièrement cruelle par ses détracteurs.

Officiellement interdite en Allemagne, en Belgique et plus récemment en Grande-Bretagne, la vénerie a toujours cours en France, où le cerf, le chevreuil, le sanglier, le renard, le lièvre et le lapin sont chassés. Mais suite à la survenue de plusieurs incidents de chasse ces dernières années, ayant par ailleurs suscité un grand émoi dans l’Hexagone, un décret ministériel publié le 1er mars 2019 interdit désormais qu’un animal traqué soit abattu en zone habitée.

 

Tout animal réfugié dans une zone habitée sera désormais « gracié »

Fin 2017 dans l’Oise, des veneurs avaient abattu un cerf qui s’était réfugié dans le jardin de particuliers, ce qui avait suscité l’indignation de nombreuses ONG et de députés souhaitant l’interdiction de la chasse à courre. La Fédération nationale des chasseurs s’était à l’époque engagée à changer ses pratiques, et l’arrêté ministériel publié vendredi dernier confirme de façon officielle que tout animal chassé se retrouvant à proximité d’habitations sera gracié.

Selon le texte : « En grande vénerie, lorsque l’animal est aux abois ou au ferme (sur ses fins, pris, forcé ou hallali courant) et qu’il se trouve à proximité d’habitations, de jardins privés y attenant, de zones commerciales ou artisanales et de bureaux et d’établissements accueillant du public, il est gracié ». Par ailleurs, le maître d’équipage devra également « veiller à ce que l’animal ne soit pas approché » et faciliter son déplacement loin de la zone habitée. Lorsque cela n’est pas possible, la situation sera évaluée par les autorités, et un vétérinaire pourra décider d’anesthésier l’animal afin qu’il soit déplacé, ou de « procéder à sa mise à mort », tout cela aux frais des chasseurs.

Une nouvelle mesure applaudie par les défenseurs des animaux, même si l’interdiction de cette méthode de chasse particulièrement barbare reste leur objectif.

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