Il existe un cliché bien répandu selon lequel seules les femmes sont biologiquement préparées à devenir mères et dont le corps change en conséquence après la naissance du bébé. Pourtant, ce n’est pas le cas. Plusieurs chercheurs, études et expériences ont effectivement démontré que les pères connaissent aussi des changements internes profonds pour affronter et accueillir la naissance de leurs enfants.
Le Dr Anna Machin, titulaire d’un doctorat de recherche, anthropologue de l’évolution à l’université d’Oxford et auteure de « The Life of Dad : The Making of a Modern Father », s’est donné pour sujet d’étude la paternité humaine. Dans un article paru dans Parenting, la chercheuse met à mal les idées reçues et assure que le père est biologiquement et psychologiquement aussi bien préparé que la mère au rôle de parent. Explications.
Des changements hormonaux s’opèrent aussi chez les pères
Qui a dit qu’il n’y avait que les hormones des femmes qui fluctuent pendant et après la grossesse ? Même s’il n’est pas aussi apparent que chez la femme, un changement hormonal se déroule aussi chez l’homme. Une étude de cinq ans parue en 2011 et réalisée par le Dr Lee Gettler, anthropologue américain et titulaire d’un doctorat de recherche, a notamment montré que les hommes entraient dans la paternité en connaissant une baisse flagrante de leur taux de testostérone.
Pour information, la testostérone joue un rôle primordial dans le développement de l’enfant et à la puberté. Elle stimule en partie la volonté des hommes de se trouver des partenaires, et les hommes ayant un fort taux de testostérone ont tendance à être plus attractifs pour les partenaires potentiels. Or, quand un homme devient père et veut être un père modèle, il est plus axé sur sa famille et délaisse les envies de conquête.
Moins de testostérone mais plus d’hormones du bonheur
Justement au cours de son étude, le Dr Lee Gettler a suivi un groupe de 624 hommes célibataires âgés de 21 à 26 ans. Durant ces 5 ans d’étude, 465 d’entre eux sont devenus pères. En observant le niveau de testostérone des participants, le chercheur a découvert que les hommes restés célibataires ou mariés sans enfant avaient connu une baisse normale de testostérone due à l’âge. En revanche, les nouveaux pères ont connu une baisse très importante (34 % en moyenne) de leur testostérone.
« Nous avons constaté que si des pères flambant neufs avaient un taux de testostérone inférieur au lendemain de la naissance de leur bébé, ils effectuaient davantage de tâches ménagères et de tâches liées au bébé des mois plus tard », déclare le Dr Gettler.
Mais les scientifiques ont également pu observer qu’en contrepartie de cette « émasculation » et de cette baisse de testostérone, les hommes développaient des hormones du bonheur, comme la dopamine ou l’ocytocine, qui leur permettent de créer un lien fort lorsqu’ils prennent soin ou interagissent avec leur enfant et aussi de ressentir des sentiments de bien-être, de bonheur et de chaleur.
Des changements neurologiques ont aussi lieu
Le cerveau des hommes, tout comme celui des femmes, change lorsqu’ils deviennent parents. En 2014, le Dr Kim Pilyoung, elle aussi titulaire d’un doctorat de recherche et neuroscientifique du développement à l’université de Denver, a entrepris d’effectuer une IRM sur 16 nouveaux pères à des intervalles de temps séparés durant les 16 premières semaines de leurs bébés. Elle a constaté des différences notables entre l’IRM du cerveau des pères à la deuxième semaine, à la quatrième semaine et au bout de seize semaines.
En effet après 16 semaines, certaines zones du cerveau des nouveaux pères se sont développées. Ces zones sont liées à l’attachement, à l’éducation, à l’empathie et à la capacité d’interpréter et de réagir de manière appropriée au comportement du bébé. Selon la scientifique, ce « gonflement du cerveau » reflète l’adaptation des hommes à la paternité pour comprendre et répondre aux besoins du bébé.
Plus particulièrement, vu que les hommes ne subissent pas autant de changements hormonaux que les femmes, cette modification au niveau de leur cerveau leur permet d’ « apprendre à créer un lien affectif avec leurs propres enfants ». Le Dr Pilyoung ajoute que « les changements anatomiques dans le cerveau peuvent soutenir l’expérience graduelle des pères sur plusieurs mois ».
En d’autres termes, le Dr Anna Machin soutient que les pères, autant que les mères, sont biologiquement préparés à devenir parents. Les scientifiques comptent mener d’autres recherches sur des groupes plus vastes et plus diversifiés pour consolider leurs conclusions.
Par Andy Rakotondrabe, le
Source: Parenting
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