D’ici 2050, 250 millions de personnes seront contraintes de quitter leurs terres en raison des changements climatiques et des catastrophes naturelles. Les mouvements de population liés au climat ont toujours existé, mais ce sont désormais 85 % des déplacements qui sont liés au réchauffement climatique. Des chiffres d’autant plus alarmants que 80 % de ces réfugiés sont des femmes.
DES CAUSES SOCIO-ÉCONOMIQUES ET CULTURELLES
Les femmes occupent traditionnellement, et ce dans la majorité des communautés, les rôles liés à l’entretien de la vie quotidienne comme la collecte d’eau, la recherche de combustibles ou de nourriture. Lors des sécheresses et des inondations, ces tâches leur demandent beaucoup plus de temps et d’énergie, les obligeant à aller toujours plus loin pour trouver les ressources nécessaires. Ce temps consacré à la survie empiète sur leur scolarisation et leur vie professionnelle.
En Afrique centrale, où 90 % du lac Tchad a été asséché en seulement 40 ans – à cause de la sécheresse et de la mauvaise gestion de l’eau – les hommes sont contraints de partir plus loin pour trouver du travail afin de nourrir leur famille. Pendant ce temps, les femmes doivent rester s’occuper de la communauté, travailler à la sueur de leurs bras pour assurer la survie de leurs enfants. Elles deviennent très vulnérables.
Il a été prouvé que pendant les catastrophes naturelles, les risques de décès sont 14 fois plus élevés pour les femmes que pour les hommes. Après le tsunami de 2004, les survivants hommes dépassaient de 3 contre 4 les survivants femmes en Indonésie, en Inde et au Sri Lanka. C’est cette position de protecteur de la famille associée au fait que les femmes soient soumises à des règles sociales différentes des hommes qui font d’elles les premières victimes lors de ces situations d’urgence.
Certaines communautés interdisent aux femmes de sortir de chez elle sans un homme, et plus généralement les compétences de survie comme le simple fait de nager ou de monter à un arbre leur sont rarement inculquées. Dans les pays où la différence socio-économique est réduite entre les hommes et les femmes, la différence est moindre.
Les situations provisoires que sont les camps de réfugiés ne sont ni sûres, ni saines pour les femmes qui y séjournent. Les agressions et les viols ne sont pas rares dans les installations sanitaires, et les dortoirs ne sont ni séparés, ni surveillés.
« Les camps sont des endroits largement dominés par les hommes, les femmes y sont souvent exclues des décisions sur les stratégies d’intervention concernant leur propre capacité à se relever de la crise, ainsi que celle de leur communauté », ajoute Jasmine Blessing volontaire de l’ONU et spécialiste des politiques publiques au Bureau de pays d’ONU Femmes de Quito.
LES PAYS RICHES NON ÉPARGNÉS
Les zones les plus développées du monde ne sont pas non plus épargnées par ces inégalités. Les femmes sont globalement plus touchées par la pauvreté et sont ainsi plus susceptibles de se retrouver affectées par les conséquences des catastrophes naturelles. Suite à l’ouragan Katrina en 2005, les femmes afro-américaines, majoritairement pauvres et dépendant souvent de réseaux communautaires interdépendants qui se sont alors retrouvés disloqués, ont fini dans des situations très précaires. Plus de la moitié des familles pauvres de la ville étaient dirigées par des mères célibataires.
DES SOLUTIONS À TROUVER
En réponse à ces problèmes, l’ONU et les États commencent tout juste à intégrer ces problèmes et à considérer des solutions durables. Cependant, les femmes qui sont souvent minoritaires au sein de ces instances internationales (elles représentent seulement 30 % des effectifs) peinent souvent à faire entendre leur voix. L’argent et l’énergie dépensés finissent le plus souvent à servir aux hommes.
La contribution des femmes aux efforts pour relever un pays ou une communauté après une catastrophe naturelle est rarement reconnue, alors même qu’il est prouvé qu’une société arrive mieux à se reconstruire lorsque les femmes y participent activement. Et pour cause, les femmes sont des acteurs de premier plan vis à vis de leur rôle de nourricières et leur engagement dans l’entretien de la vie communautaire.
Face à la montée des déplacements climatiques, des mouvements créés par des femmes et pour les femmes fleurissent dans plusieurs pays, comme en Indonésie où l’activiste Mama Alta a mené un projet non-violent contre l’exploitation minière dans la forêt qui sert de ressources aux femmes pour trouver de la nourriture. Cette action lui a valu le prix Goldman pour l’environnement en 2013. Dans certains camps de réfugiés climatiques, des solutions sont mises en place pour accorder un pouvoir décisionnaire plus important aux femmes dans la vie de la communauté, et leur permettre de changer les dynamiques domestiques futures.
Les femmes représentent la moitié du monde et c’est pour cela qu’il est important, maintenant plus que jamais, qu’elles soient incluses dans les actions et les processus de décisions.
Par Léa Philippe, le
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