De récentes analyses moléculaires ont permis d’éclairer la stratégie redoutable du champignon prédateur Arthrobotrys oligospora, une espèce capable de détecter, piéger et consommer de minuscules animaux.
Arthrobotrys oligospora
Découvert en 1850, Arthrobotrys oligospora n’est pas le seul champignon mangeur de vers au monde, mais assurément le plus répandu. Ne possédant pas les muscles nécessaires pour s’attaquer aux spécimens les plus massifs, celui-ci se contente généralement de nématodes tels que Caenorhabditis elegans, bien connu des scientifiques.
Si A. oligospora tire la plupart du temps ses nutriments de matière organique en décomposition, il peut adopter un régime carnivore lorsque cela est nécessaire.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue PLOS Biology, Hung-Che Lin et ses collègues ont étudié ces interactions de prédation lors d’une série d’expériences en laboratoire qui, combinées à des techniques de séquençage, ont révélé certains des fondements moléculaires de son régime alimentaire et son activité.
Une stratégie redoutable
Lorsque A. oligospora détectait la présence de nématodes à proximité, l’équipe a observé une intensification de la réplication de l’ADN et de l’activité des ribosomes (assurant la traduction des ARN messagers en protéines dans les cellules), se traduisant notamment par l’augmentation de la production de protéines adhésives, essentielles au piégeage des vers.
Une fois ceux-ci immobilisés, le champignon carnivore utilisait ses longues structures filamenteuses (appelées hyphes) pour envahir le nématode et le « dévorer » de l’intérieur. La consommation de vers a également été associée à une augmentation significative de l’activité des gènes codant pour les protéases, un groupe d’enzymes capables de briser les liaisons peptidiques des protéines.
Globalement, de tels résultats contribuent à éclairer les processus essentiels à la carnivorie fongique. Les auteurs de l’étude rappellent que les champignons mangeurs de nématodes jouent un rôle écologique important en tant que prédateurs naturels, contribuant à maintenir l’équilibre des écosystèmes de micro-organismes et le cycle des nutriments.
Par Yann Contegat, le
Source: IFL Science
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