
Découverte près de Naples, dans un sarcophage resté fermé pendant deux millénaires, une momie romaine étonnamment bien conservée intrigue les chercheurs. Loin des pyramides et des bandelettes égyptiennes, cette trouvaille met en lumière une autre facette, plus discrète mais tout aussi raffinée, des pratiques funéraires antiques.
Une tombe inviolée, un corps intact et des archéologues stupéfaits
Tout commence à Giugliano, au nord-ouest de Naples. Là, une équipe d’archéologues ouvre un sarcophage romain, scellé depuis l’Antiquité. Pour éviter de l’endommager, ils y introduisent d’abord une micro-caméra. Immédiatement, l’image révèle un corps humain intact, allongé, enveloppé dans un linceul minéralisé.
Face à cette découverte, ils décident d’ouvrir la tombe. À l’intérieur, ils trouvent des pots à onguent, un strigil et des résidus de crèmes à base de plantes. Tous ces éléments suggèrent que le défunt occupait un rang social élevé. De toute évidence, le soin apporté au corps témoigne d’un rituel funéraire complexe et structuré.
Par ailleurs, les chercheurs analysent le linceul fossilisé. Grâce à sa minéralisation naturelle, il a résisté au temps. Son étude pourrait révéler la finesse du fil, les techniques de tissage et les ressources textiles de l’époque. En parallèle, des analyses ADN sont en cours. Elles visent à identifier le sexe, l’âge, l’état de santé, voire l’origine ethnique du défunt.
Ainsi, cette tombe devient une véritable capsule temporelle. Elle nous transporte dans une autre époque, avec une précision rare.

Ce que cette tombe dit des croyances et du savoir-faire romain
Contrairement aux sites plus célèbres comme Rome ou Pompéi, la région de Liternum reste peu médiatisée. Pourtant, cette nécropole phlégréenne révèle une société raffinée. Les fresques murales, notamment celles représentant Cerbère, le chien gardien des Enfers – et des créatures mythologiques marines, renforcent cette impression. Elles illustrent un voyage vers l’au-delà, riche en symboles et en sens.
En outre, les analyses chimiques révèlent la présence de chénopode blanc et d’absinthe dans les onguents. Ces plantes, connues pour leurs propriétés antiseptiques, étaient sans doute utilisées pour préserver le corps. Cela prouve que les Romains maîtrisaient déjà un savoir médical avancé, transmis de génération en génération.
D’un autre côté, l’étude du pollen trouvé dans la tombe offre des indices sur l’environnement végétal de l’époque. Ces données permettent de mieux comprendre l’ancrage des rites dans la nature et le paysage local.
En définitive, chaque fragment – textile, crème, fresque – raconte un pan du quotidien. Ce tombeau ne révèle pas seulement des croyances, mais aussi un rapport profond à la mort, empreint de culture et de soin.
Un miroir tendu entre passé et présent
Cette momie romaine, loin d’être un simple fait divers archéologique, enrichit notre lecture du monde antique. Elle dévoile des rituels précis, un usage raisonné des plantes et une esthétique codifiée. Par conséquent, elle prouve que même les régions moins connues de l’empire détenaient un patrimoine culturel dense.
Aujourd’hui, les chercheurs allient archéologie classique et technologies modernes. Grâce à l’ADN, à l’imagerie 3D ou à l’analyse chimique, ils recomposent un puzzle multidisciplinaire. Ensemble, ils redonnent vie à une personne restée dans l’ombre pendant vingt siècles.
Finalement, cette tombe nous parle autant de mort que de mémoire. Elle évoque une volonté de transmission. Elle rappelle que nos ancêtres cherchaient, eux aussi, à préserver un lien entre les vivants et les morts. Et que, parfois, ce lien parvient jusqu’à nous.
Par Eric Rafidiarimanana, le
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