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Plus de réunions, de formulaires, de systèmes ou de code. Étrangement, l’être humain a tendance à résoudre les problèmes en ajoutant des éléments plutôt qu’en réduisant leur nombre. Des chercheurs pensent maintenant en connaître la raison.

Des expériences révélatrices

Publiée dans la revue Nature, cette nouvelle étude menée auprès de 1 585 sujets et impliquant huit expériences différentes a montré que notre cerveau avait tendance à préférer l’addition à la soustraction (complètement ignorée dans de nombreuses situations) lorsqu’il s’agissait de trouver des solutions. Cette tendance s’est révélée perceptible dans trois scénarios en particulier : lorsque les sujets étaient soumis à une charge cognitive plus élevée, qu’ils disposaient de moins de temps pour envisager des alternatives, ou qu’il ne leur avait pas été explicitement rappelé que la soustraction était une possibilité.

« Ce schéma intervient dans de nombreux domaines, de l’écriture à la cuisine en passant par la conception technique », estime Leidy Klotz, ingénieur à l’université de Virginie et auteur principal de l’étude. « La première chose qui nous vient à l’esprit est de nous demander ce que l’on peut ajouter pour améliorer les choses. Cette étude montre que nous faisons cela à notre détriment, y compris lorsque la seule bonne réponse est de soustraire. Même avec une incitation financière, nous ne pensons toujours pas à retrancher. »

Dans l’une des expériences, les chercheurs ont demandé aux participants d’améliorer une structure en Lego afin qu’elle puisse supporter davantage de poids. Seule la moitié des sujets a été avertie qu’elle pouvait également retirer des briques. Il s’est avéré que 61 % des sujets ayant reçu un tel rappel ont résolu le problème en enlevant des briques, ce qui constituait un moyen beaucoup plus rapide et efficace de stabiliser la structure, contre 41 % seulement du reste de l’échantillon.

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Réalisé sur ordinateur, un autre test impliquait de rendre une structure composée de carrés colorés symétrique en un minimum de clics, tout en comptant le nombre de fois où le chiffre cinq apparaissait à l’écran. Un scénario multitâche spécifiquement conçu pour augmenter la charge cognitive des sujets. Si la suppression des carrés constituait une nouvelle fois le moyen le plus rapide d’atteindre l’objectif fixé, les participants étaient globalement plus enclins à en ajouter de nouveaux.

« Nous employons les premières solutions qui nous viennent à l’esprit »

« Les solutions additives viennent à l’esprit plus rapidement et facilement que les idées soustractives, qui nécessitent un effort cognitif plus important », explique le psychologue Benjamin Converse, co-auteur de l’étude. « Comme nous sommes souvent obligés d’agir rapidement, nous employons les premières solutions qui nous viennent à l’esprit, et finissons par accepter les solutions additives sans même envisager la soustraction. »

Il se peut que notre cerveau trouve les changements additifs plus faciles à traiter, ou que notre subconscient associe l’addition à quelque chose de plus grand et donc de meilleur et le fait de retirer des éléments à une action négative et destructrice. D’après les auteurs de l’étude, de tels résultats posséderaient des implications beaucoup plus larges, notamment pour les institutions cherchant à rationaliser, et même pour l’espèce humaine dans son ensemble, dans l’optique d’améliorer la gestion des ressources de la planète.

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« Plus les gens s’appuient sur des stratégies additives, plus elles deviennent cognitivement accessibles », souligne la psychologue Gabrielle Adams, également co-auteure de l’étude. « Avec le temps, l’habitude de rechercher des idées additives peut devenir de plus en plus forte, et à long terme, nous finissons par passer à côté de nombreuses opportunités d’améliorer le monde via la soustraction. »

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